vortex, saison 1, série de Camille Couasse, commentaire

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Vortex,
    Saison 1,    2022,  
 
de : Camille  Couasse..., 
 
  avec : Tomer Sisley, Camille Claris, Zineb Triki, Sandrine Salyères, Éric Pucheu, Anaïs Parello,
 
Musique : Audrey Ismael, Olivier Coursier


 
Ne pas lire avant d'avoir vu la série

 
En juillet 1998, Ludovic Béguin (Tomer Sisley) perd sa femme, Mélanie (Camille Claris), retrouvée morte sur une plage de Plouarzel. En juillet 2025, toujours policier, Ludovic est confronté à la mort d'une jeune femme, Zoe, retrouvée sur la même plage. En effectuant une reconstitition virtuelle, un bug fait apparaître Mélanie dans la vision de 2025... 
 
 C'est terrible, ou amusant, selon l'humeur du moment, de constater que cinq minutes de vision suffisent pour être sûrs que nous sommes dans une série française. En l'occurrence, franco-belge, mais ça ne change pas vraiment la donne. Les dialogues faciles et démonstratifs pour poser en quelques secondes les caractères, la fille homosexuelle pour surfer sur la mouvance actuelle LGBT et la réfugiée afghane pour la tendance inclusion des réfugié(e)s, les personnages tape à l'œil (la technicienne de laboratoire, Agathe (Juliette Plumecocq-Mech) à la grotesque tignasse hirsute, aussi aimable que trois portes de prison, et qui en fait des tonnes), une artificialité qui dérange (Ludovic a gagné de la barbe en trente ans, mais paraît bien jeune pour une approche de la soixantaine, tandis que son chef, Nathan (Éric Pucheu) n'a quasiment pas pris une ride...), tout cela n'est pas de très bon augure pour la suite. Cela dit, le sujet ne manque pas d'intérêt. Les histoires fondées sur les paradoxes spatio-temporels, les rencontres improbables à des époques différentes, sont toujours fascinantes. Tout y est permis, mais c'est aussi là que réside le danger. À force de triturer l'imaginaire, il arrive que les évènements échappent tellement à la logique, qu'il devient difficile de les avaler. Il est impossible de comptabiliser la multitude de scènes que n'importe quel esprit, même très ouvert, qualifierait d'invraisemblables. Ne serait-ce que les "effets papillon", qui bousculent le quotidien des protagonistes de façon radicale, mais se voient rectifiés comme par magie, dès qu'une action corrige l'erreur initiale. Heureusement, les bugs et les vortex sont là pour solidifier l'ensemble, et assurer un minimum de crédibilité.

 Le point positif réside évidemment dans les relations humaines et la profondeur des émotions qui, par instant, feraient fondre les pierres les plus résistantes. On a même droit à des dilemmes cornéliens, puisque l'annulation éventuelle de la mort de Mélanie est susceptible de rayer du réel le second mariage de Ludo, ainsi que la présence de son fils. Le dénouement ne ménage d'ailleurs pas une certaine dose de surprises. Une fois que l'esprit a accepté l'invraisemblable, il est impossible de ne pas ressentir d'empathie envers ces personnalités bouleversées par un destin difficile à maîtriser. Le récit n'évite pas certaines phases de patinage, notamment dans l'épisode 5, qui aurait gagné à un resserrement narratif. Mais on salue l'effort de créativité qui anime cette série, ainsi que la qualité dramatique d'une fable hors normes. La leçon que l'on peut tirer de cette série, c'est que le karma, c'est déjà très compliqué dans notre espace-temps "normal", mais quand les bugs et les vortex s'en mêlent, ça devient carrément une histoire de fou aussi flippante qu'imprévisible !
   
Bernard Sellier