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Le voyeur,
     (Peeping Tom),       1960, 
 
de : Michael  Powell, 
 
  avec : Karlheinz Böhm, Moira Shearer, Anna Massey, Nigel Davenport,
 
Musique :   Brian Easdale

  
 
Marc (Karlheinz Böhm) est caméraman de métier. Mais aussi de passion. Il ne se sépare jamais de sa caméra portable même lorsqu'il rend visite à une prostituée. Le problème est que l'excitation qu'il ressent est à son paroxysme lorsque le sujet filmé éprouve une terreur profonde. Or dans quelles circonstances est-il possible d'atteindre ce niveau de terreur, sinon lorsque lon a conscience que sa dernière seconde de vie est arrivée ? Dans l'appartement qu'il habite, au dernier étage, il s'empresse alors de visionner ce qu'il vient de fixer sur la pellicule. Un soir, la fille de l'un de ses voisins, Helen () fête son anniversaire. Elle lui offre une part de gâteau. Il commence à éprouver pour elle une émotion bien différente de ceux qu'il resent d'ordinaire... 
 
 Film d'angoisse, assurément, mais surtout drame psychologique. Incarné avec justesse et intensité par Karlheinz Böhm, ce personnage, définitivement traumatisé par un père qui n'a cessé, pendant toute son enfance et adolescence, de le filmer dans des circonstances artificiellement menaçantes, afin de traquer, sur ses traits les différents visages de la peur, oscille en permanence entre une timidité maladive, un infantilisme touchant, et une suite de pulsions malsaines qui culminent dans le meurtre. Bien qu'il s'exprime en permanence par la suggestion, et s'abstienne de tout débordement sanglant, le scénario parvient néanmoins aisément à faire partager au spectateur un malaise permanent. Evoluant le plus souvent dans un décor de studio, le cinéaste ambigu et perturbé vit au sein d'un monde à la fois réel et artificiel dans lequel l'ombre et la lumière se mêlent physiquement, mais également intérieurement au sein de sa personnalité multiforme. Nous sommes bien loin des tueurs sauvages que le cinéma contemporain multiplie à l'infini et la contemplation de ce visage poupin en quête d'un être qui entende sa souffrance fait naître autant de compassion que de répulsion.
   
Bernard Sellier