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Une vraie jeune fille,
       1976,  
 
de : Catherine  Breillat, 
 
  avec : Charlotte Alexandra, Hiram Keller, Rita Maiden, Bruno Balp,
 
Musique : Mort Schuman

  
   
Alice (Charlotte Alexandra) est une adolecente. Elle revient chez ses parents pour deux mois de vacances et prévoit un ennui mortel. Elle occupe donc le temps comme elle peut, en se baladant à vélo, en aguichant un employé de son père, Jim (Hiram Keller), en s'observant, en se masturbant... 
 
   Vision désespérée et glauque du passage par une jeune fille de la puberté et de la découverte de la sexualité. Le cinéma de Catherine Breillat et ses conceptions de la vie intérieure et extérieure de l'être humain ne laissent personne indifférent, parce qu'elle a le courage ou l'adresse (suivant l'authenticité que l'on prête à ses propos) de montrer crûment ce qui en général est suggéré. Il serait vain de tenter d'analyser ses prétendues théories. D'ailleurs, pour ceux que cela intéresse, de nombreuses pages Internet sont consacrées à la dissection de ses films. Ce qui est évident, c'est que la vision de ce passage par la découverte du plaisir, du corps féminin, de l'attirance-répulsion pour le sexe opposé, de la relation aux parents, est livré au spectateur de façon brute et totalement déprimante. S'il est vrai qu'Alice s'ennuie mortellement durant son séjour chez des parents qui ne sont jamais parvenus au stade d'adulte, mais demeurent au stade larvaire, ce désert est indéniablement transcrit de manière efficace. Chaque scène respire l'ennui et le désespoir sous-jacent. Même les chansons yé-yé de l'époque prennent une tonalité d'obsession larvée. 
 
   Cette oeuvre présente en tout cas un intérêt humain indéniable : malgré, ou plutôt à cause du voyeurisme qu'elle assume, elle livre au grand jour, met à nu avec une complaisance certaine, la béance dramatique qui se crée en nous lorsque le corps, et l'âme qui le gouverne (ou le devrait), n'ont pas réussi leur union. Lacune de l'éducation parentale, défaut d'intégration personnelle, les causes sont aussi multiples que le nombre d'humains à la recherche de leur Moi véritable. Ce qui fait quelques milliards d'individus ! 
 
   Il est de bon ton de rire actuellement de l'explosion des psychanalystes de tous poils et de la ruée des consultants. Pourtant, le meilleur que l'on puisse souhaiter pour Alice et toutes ses soeurs malheureuses dans leur être féminin, c'est une thérapie efficace qui les amène à la découverte de l'Amour (le vrai... ). Celui qui épanouit l'esprit et embrase le corps... Et à la compréhension intérieure que nous trouvons dans le sexe opposé uniquement ce qui nous est utile pour grandir. 
   
Bernard Sellier