Wall street, film de Oliver Stone, commentaire

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Wall street,
      1987,  
 
de : Oliver  Stone, 
 
  avec : Michael Douglas, Martin Sheen, Charlie Sheen, Sean Young, Millie Perkins, Terence Stamp, James Spader, Daryl Hannah,
 
Musique : Stewart Copeland


   
Bud Fox (Charlie Sheen) est désireux de ne pas suivre le chemin professionnel minable de son père, Carl (Martin Sheen), mécanicien depuis plus de vingt ans dans une compagnie d'aviation, la "Blue Star". Aussi est-il devenu courtier dans un gros cabinet de Wall Street. Mais la concurrence est rude, et les bons tuyaux rares. Après avoir tenté vainement, pendant plusieurs mois, d'approcher Gordon Gekko, un milliardaire au flair redoutable, qui investit avec succès des sommes colossales, il parvient un jour à lui parler cinq minutes. Bien que le conseil prodigué à cette occasion par Bud se révèle assez foireux, Gekko accepte de revoir le jeune homme. Il lui propose d'espionner un ennemi personnel, Sir Larry Wildman (Terence Stamp), afin de contrer l'éventuelle action qu'il prépare. Après une rapide hésitation, Bud accepte... 
 
   Après avoir visionné cette oeuvre passionnante de bout en bout, il est impossible de prétendre que l'on ne sait pas à quoi ressemble un "requin" de la finance ! C'est un animal bien propre sur lui, aux apparences policées (même s'il s'emporte ponctuellement), arborant en permanence un sourire carnassier, bref, c'est Michael Douglas himself ! Tel Obélix tombé tout jeunot dans la marmite, le fils du grand Kirk paraît nager dans le monde des financiers comme s'il pratiquait l'exercice depuis sa sortie de l'utérus ! Sur un canevas tissé aux petits oignons, et, miracle étonnant, compréhensible à 95% par les plus ignares dans le domaine boursier, il brosse devant nous le tableau synthétique de ce que la population mondiale subit sans s'en rendre compte : à savoir que ce ne sont pas les hommes politiques qui gouvernent la planète, mais les quelques vautours trônant sur la cime des multinationales. Et le cours des événements n'est pas vraiment en voie d'inversion ! C'est le moins qu'on puisse dire. Alors, devant ce constat sans appel de l'aveuglement généralisé que procure la soif du profit, il est légitime de trembler quelque peu pour les lendemains qui nous attendent ! 
 
   Bref, le spectateur assiste à une confrontation jouissive, même pour le plus allergique aux chiffres, entre le jeune loup avide de goûter sa part de fortune, ou plutôt désireux de quitter le sombre séjour paternel pour les rutilants salons garnis d'horreurs hautement cotées, et le requin cynique qui joue avec ses milliards comme d'autres avec des boules de pétanque. L'une des réflexions qu'il fait à Bud éclaire parfaitement la lucidité monstrueuse du personnage : "Tu n'as tout de même pas la naïveté de croire qu'on vit en démocratie ? C'est le libre marché !". Le drame, c'est que, lorsque la machine est emballée, plus personne ne peut l'arrêter...  
 
   Certes, le déroulement dramatique est largement prévisible. Mais l'ensemble est mené avec une telle fougue, un tel emballement dans les délires de puissance (l'hystérie généralisée le jour des fluctuations de l'action "Blue star" en est un excellent exemple), que la tornade blanche emporte toutes les minimes observations susceptibles de pointer. Ah si, tout de même, un petit détail : la "voix" qui double Bud, et qui colle merveilleusement à Bruce Willis, ne convient pas du tout, à mon sens, pour le physique de Charlie Sheen. Mais ce n'est là qu'une broutille... Et, pour finir, n'oublions pas de saluer les deux "twin towers", qui se dressent dans les premières secondes du film...
   
Bernard Sellier