Les Jets, dirigés par Riff (Russ Tamblyn) et les Sharks (Porto Ricains), dirigés par Bernardo (George Chakiris) sont deux bandes rivales du West Side. Chacune veut préserver son territoire, au besoin par la violence. Au cours d'un bal, Tony (Richard Beymer), ami de Riff et Maria (Natalie Wood), soeur de Bernardo, fiancée à Chino (Jose de Vega), tombent follement amoureux l'un de l'autre. Mais Bernardo ne voit évidemment pas cette idylle d'un oeil très favorable...
Autant le dire tout de suite, je ne suis pas amateur de "comédies musicales", dans lesquelles, la plupart du temps, la niaiserie de l'histoire va de pair avec celle des paroles. Mais là... Nous sommes précipités dans un autre monde. Dès la fin de l'ouverture musicale qui reprend, comme c'est souvent le cas des opéras, les principaux thèmes de l'œuvre, et la plongée vertigineuse sur ce terrain de basket au coeur de New-York, les énergies de haine et d'amour nous saisissent et ne lâchent plus leur proie. L'agressivité permanente, tout aussi bien que la passion la plus pure sont transcendées par une musique inventive, tantôt rythmée, tantôt douce, toujours épousant à merveille les sentiments et les pulsions des personnages. Les chorégraphies sont merveilleusement filmées par une caméra qui virevolte, qui est à l'affût de chaque geste, de chaque intervention individuelle. Et que dire de ces deux amants éternels, symboles de la beauté du monde aussi bien que de la stupidité de l'homme, sinon qu'ils composent un couple inoubliable dont les chants d'amour s'élèvent jusqu'à un paradis inaccessible qui brille au fond du coeur de chaque être humain. Le réalisateur et le compositeur sont parvenus à la fusion de leurs deux partitions, visuelle et auditive, avec un bonheur et une grâce magiques qui ne se rencontrent que bien rarement. Chaque scène est un miracle d'équilibre, sachant ne jamais tomber dans la mièvrerie ou dans la violence.
Qu'ajouter de plus, sinon que l'on assiste à une pure merveille...
Bernard Sellier