Witness, film de Peter Weir, commentaire, site Images et Mots

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Witness,
        1985,  
 
de : Peter  Weir, 
 
  avec : Harrison Ford, Kelly McGillis, Josef Sommer, Lukas Haas, Jan Rubes, Alexander Godunov, Danny Glover,
 
Musique : Maurice Jarre

   
   
Rachel Lapp (Kelly McGillis) et son fils Samuel (Lukas Haas) font partie de la secte des Amish. A la suite du décès de son mari, Rachel se rend à Baltimore chez sa soeur. Pendant l'attente de la correspondance en gare de Philadelphie, le garçonnet est témoin de l'assassinat d'un policier par deux hommes, dont un noir. Le capitaine John Book (Harrison Ford), chargé de l'enquête, oblige la jeune femme à passer la nuit chez sa soeur. Le lendemain, Samuel reconnaît dans le commissariat la photo de l'un des deux assassins. Il s'agit du lieutenant de police James McFee (Danny Glover). John fait part de l'information à son supérieur, Paul Schaeffer (Josef Sommer). Mais celui-ci fait partie de la machination. Blessé, John est soigné dans le village de Rachel... 
 
   La trame policière, ultra classique, n'est qu'un prétexte pour plonger le spectateur dans une communauté Amish peu connue, d'origine allemande, étrangement anachronique au coeur de cette Amérique ultra moderne qui se veut la lumière du monde. C'est avec une authenticité sobre que Peter Weir décrit ces personnages paradoxaux, d'un côté totalement prisonniers de dogmes et de carcans moyenâgeux, qui limitent l'expression de la liberté et de la joie à une portion plus que congrue, mais qui, d'un autre côté, exalte des valeurs altruistes et écologiques, dans une vie quotidienne simple et pure, où la non violence, le respect du voisin et l'entraide commune sont un art de vivre normal. Le maître mot de leur conception de la vie est : "modestie" ! Noble idéal qui n'empêche tout de même pas les travers humains de surgir et de rayonner : médisance, voire calomnie. 
 
   Kelly McGillis, toute en retenue, quasiment privée de la communication par les mots, tant les interdits sont puissants, les dogmes et coutumes contraignants, ne livre ses sentiments, ses émotions que par son regard limpide et quasiment enfantin. Au milieu de cet univers, John Book, mal élevé, aussi déplacé qu'un éléphant dans un magasin de porcelaines, est lui aussi hautement crédible, tant le réalisateur fait preuve de pudeur et de retenue dans les rapports respectifs de ses protagonistes.  
 
   Si l'on regarde ce film en tant que thriller, on sera naturellement déçu. Seules les dix premières et dernières minutes rappellent que nous sommes dans un drame policier. Si l'oeil du spectateur le voit comme une approche psychologique et sociologique de deux communautés, dont l'un des seuls points communs réside dans le fait de vivre sur le même sol, il en sortira ému et gardera un souvenir bouleversé de cet amour impossible.
   
Bernard Sellier