The Wrestler, film de Darren Aronofsky, commentaire

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The wrestler,
        2008,  
 
de : Darren  Aronofsky, 
 
  avec : Mickey Rourke, Marisa Tomei, Evan Rachel Wood, Mark Margolis, Mike Miller, Todd Barry, Ernest Miller,
 
Musique : Clint Mansell


   
Randy "Le Bélier" (Mickey Rourke) a vécu jadis quelques heures de gloire sur le ring en tant que catcheur. Mais ces années de reconnaissance sont bien loin et, désormais, vieilli, usé, il vit solitaire dans une caravane dont il a de la difficulté à payer le loyer. Sa seule "amie" platonique est une strip-teaseuse, mère de famille, Cassidy (Marisa Tomei). Lorsque les organisateurs de combats lui proposent un match revanche contre "l'Ayatollah", il accepte avec enthousiasme. Mais sa santé physique laisse à désirer... 
 
   Deux ans après son oeuvre narrativement particulièrement ( trop ? ) ambitieuse, "The Fountain", Darren Aronofsky revient à un scénario très linéaire et classique : le parcours douloureux et solitaire d'une ancienne star déchue. Le milieu du catch n'est pas vraiment perçu comme une pépinière d'intellectuels. De fait, Randy n'échappe pas à la règle générale. Il n'a rien d'un Einstein. C'est un être simple, voire primaire, qui ne connaît comme plaisir que la montée sur les planches, porté par les cris de la foule. Mais même cette bienfaisante satisfaction a quasiment disparu. Le "héros" que suit le réalisateur est donc un "loser", l'archétype parfait du "minable" que fustige avec une orgueilleuse véhémence le Richard Hoover de "Little Miss Sunshine". Et pourtant ! Au sein de cette communauté de gros balèzes primitifs, dont le corps et l'esprit semblent réduits à l'état d'une masse musculaire brute, c'est un être sensible, maladroit, touchant, que le spectateur découvre progressivement. Bousculé par les événements et par les soubresauts de son coeur, tant physique qu'émotionnel, il va tenter de donner à sa vie une nouvelle impulsion, de combler les gouffres qui se sont creusés inexorablement. Mais cette quête de sens n'a rien d'une sinécure ! De tentatives avortées en épuisements organiques, le parcours de rédemption s'apparente beaucoup plus à un chemin de galère qu'à une allée de roses. Mickey Rourke, totalement métamorphosé, porte avec une authenticité bouleversante ce personnage qui titube en permanence au bord de l'abîme. Il est bien oublié le fringant séducteur de "9 semaines et demie" ! Bouffi, la chevelure longue, blondasse et sale, presque méconnaissable, le visage perdu dans un océan de souffrances larvées, il est de ces figures cinématographiques troublantes et sobrement pathétiques que l'on ne peut oublier. Pas plus que le respect et la tendresse avec lesquels la caméra suit son parcours harassant. 
 
   Loin du spectaculaire que l'on aurait pu attendre d'un univers fondé sur l'excès et le théâtral, Darren Aronofsky donne naissance à une oeuvre profondément humaine qui a, de plus, le mérite de donner du milieu des catcheurs une image chaleureuse et fraternelle.
   
Bernard Sellier