11:14, film de Greg Marcks, commentaire

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11:14,             2003, 
 
de : Greg  Marcks, 
 
  avec : Patrick Swayze, Hilary Swank, Barabra Hershey, Clark Gregg, Colin Hanks,
 
Musique : Clint Mansell


   
 Dans une petite ville américaine banale, plusieurs accidents dramatiques ont lieu autour de 11:14 PM. Tout commence, ou plutôt finit par celui d'un jeune homme ivre, qui renverse une personne sur la route. Affolé, il cherche à faire disparaître le corps, l'enferme dans son coffre. Mais survient un policier, Hannagan (Clark Gregg), qui découvre le mort. Il arrête l'individu qui parvient à s'enfuir. Tandis qu'il se lance à sa poursuite, les deux suspects qu'il venait d'arrêter, Duffy (Shawn Hatosy) et Buzzy (Hilary Swank) en profitent pour se faire la belle. Quelques minutes plus tôt, non loin de là, Frank (Patrick Swayze) découvrait le jeune Aaron (Blake Heron), la tête fracassée. Il s'empressait de cacher le corps, croyant que sa fille Cheri (Rachael Leigh Cook) soit l'auteur du meurtre... 
 
 À première vue, cette histoire à tiroirs qui s'imbriquent les uns dans les autres évoque les récentes réussites de Christopher Nolan ("Memento") ou de Alejandro González Iñárritu ("Amours chiennes" et "21 Grammes"). Cependant la comparaison s'arrête là, car l'ambition de Greg Marks est infiniment moins grande que celle de ses collègues. Il tricote avec brio, rythme, un scénario habilement construit, mais qui se contente de placer, dans un ordre inverse ou aléatoire, des événements simples qui, racontés de manière chronologique, ne présenteraient qu'un intérêt minimal. Le sujet en lui-même n'est pas particulièrement original, piochant dans le macabre de "Petits meurtres entre amis" ou de "Fargo". Il nous livre un exercice pratique dans lequel les personnages sont tous aussi noirs que la nuit durant laquelle se déroule ce cortège de coups de dés macabres. Inconscience, envie, jalousie, orgueil, mensonge, trahison, manipulation, lâcheté... C'est un véritable déluge de perfidies qui s'accumulent en un temps record, fournissant une vertigineuse illustration de ce que peut donner la loi du karma (action - réaction). Les acteurs sont tous suffisamment convaincants pour que l'ensemble ne tombe pas trop dans l'exercice de style. Ils ne manquent pas de mérite, d'ailleurs, car la plupart des personnalités sont réduites à la plus simple expression qui soit : des robots décervelés agissant sous une impulsion animale instinctive. La sécheresse générale contribue à l'efficacité de l'histoire et traduit de manière juste l'urgence de chaque plan. Cela dit, c'est tout de même une impression de superficialité virtuose qui prédomine à la sortie de cette tragique pantomime.
 
  Bernard Sellier