1917, film de Sam Mendes, commentaire

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1917,
        2019, 
 
de : Sam  Mendes, 
 
  avec : Dean-Charles Chapman, George MacKay, Pip Carter, Colin Firth, Paul Tinto, Benedict Cumberbatch, Daniel Mays,
 
Musique : Thomas Newman


 
Avril 1917. Deux soldats britanniques, les caporaux Blake (Dean-Charles Chapman) et Schofield (George MacKay) sont chargés par le Général Erinmore (Colin Firth) de porter un message au Colonel MacKenzie (Benedict Cumberbatch) lui enjoignant de ne pas mener l'attaque qu'il prévoit, car il s'agit d'un piège allemand. Le parcours se révèle périlleux... 
 
  Avec cette fresque qui a marqué le cinéma en 2019, nous nous retrouvons devant le même problème qu'avec "Gravity" il y a six ans. A savoir une réussite technique exceptionnelle, qui ne peut que frapper le spectateur d'admiration. Mais, à côté de cela, un déficit scénaristique qui laisse pantois. Mis à part le fait que, grâce à de longs plans séquences dont on se demande comment ils ont pu être tournés, le spectateur a la sensation d'être l'accompagnateur invisible de ces deux soldats, que nous apporte le film ? Le réalisme primaire du vécu de ces jeunes hommes que la mort guette à chaque seconde ? Oui, bien sûr. Mais seulement cela. Aucun point de vue sur les horreurs du conflit. C'est normal, étant donné que, suivis mètre par mètre, il serait ridicule d'attribuer aux deux héros d'autres préoccupations que de tenter la survie coûte que coûte. Et si le spectateur se satisfait de ces ressentis visceraux, il sera comblé. Mais il est aussi envisageable d'attendre d'un film de guerre une autre dimension que celle des balles qui sifflent et des champs troués par les obus. Il est même possible de se demander si le fait de faire reposer entièrement le drame sur une prouesse technique, en occultant totalement le vécu intérieur des 'poilus', leur rend vraiment hommage. Certes les deux acteurs sont convaincants et les épreuves traversées (l'accident d'avion, la femme et le bébé, la chute dans le torrent...) ne manquent pas d'intensité. Mais à côté de cela, le choix des plans séquences impose de longues plages passives. Si Schofield doit mettre cinq minutes à franchir un pré, la caméra se doit de le suivre fidèlement... 
 
  Si l'on n'observe que la mise en scène, pas de doute. L'oeuvre mérite au moins six étoiles. Mais si l'on ne se montre pas aveuglé par cette technique à l'esbroufe, l'enthousiasme faiblit nettement...

   
Bernard Sellier