21 nuits avec Pattie, film de A. et J.-M. Larrieu, commentaire

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21 nuits avec Pattie,
         2015, 
 
de : Arnaud & Jean-Marie  Larrieu, 
 
  avec : Isabelle Carré, André Dussollier, Karin Viard, Sergi Lopez, Laurent Poitrenaux, Denis Lavant,
 
Musique : Nicolas Repac


 
Isabelle (Mathilde Monnier), qui vivait dans une grande maison du sud de la France, vient de mourir durant sa sieste. Deux jours plus tard, sa fille Caroline (Isabelle Carré), qui n'avait aucune relation avec sa mère, arrive pour l'enterrement. Elle est accueillie par Pattie (Karin Viard), qui était une amie de la défunte et faisait le ménage. Mais, le soir même, le corps de la défunte se fait la malle... 
 
 Déconcertant. Voilà le premier mot qui vient à l'esprit en visionnant cette histoire à multiples visages. Dès les premières minutes, ça commence mal. A peine viennent-elles de faire connaissance, que Pattie, le cul en perpétuelle fusion, se met à raconter avec une étonnante crudité ses expériences sexuelles. Rien de très choquant en 2016. Le problème est que cette diarrhée verbale relève d'une authenticité pour le moins suspecte, qui ressemble davantage à du bas racolage de public qu'à une logique psychologique solide. D'autant plus que ces récits n'apportent strictement rien du point de vue de l'histoire. Ensuite, le scénario semble s'orienter vers un style policier comico-léger, façon "Mon petit doigt m'a dit". L'irruption d'André Dussollier renforce encore cette impression. A plusieurs reprises, on a envie de s'écrier : "c'est vraiment n'importe quoi", tant les rebondissements ou interventions des protagonistes semblent proches de l'artifice gratuit ou de la BD. Certains personnages (Pierre le Capitaine de Police (Laurent Poitrenaux), ou encore André (Denis Lavant), le baiseur au verbiage incompréhensible), semblent sortir d'un mauvais feuilleton télé. L'avantage, c'est que le spectateur ne voit pas très bien où se dirige l'histoire, ce qui suscite une certaine curiosité. L'inconvénient, c'est que le film flirte entre différents genres sans jamais en faire jaillir les étincelles susceptibles de soulever l'enthousiasme. C'est quelquefois un peu drôle, mais on ne rit pas. C'est souvent fantastique, mais celui-ci demeure très superficiel. C'est ponctuellement poétique, mais trop verbeux pour générer l'émotion. 
 
 Ce flirt perpétuel entre fantasmagorie, onirisme, réalisme, trivialité, transgressions (la nécrophilie transfigurée), et improbabilité des situations, provoque à la fois surprise et agacement. Malheureusement, ce dernier l'emporte souvent. Isabelle Carré a l'air de se demander en permanence ce qu'elle fait dans ce gloubi boulga mystico-poético-érotique. Nous aussi...

   
Bernard Sellier