Deux frères, film de Jean-Jacques Annaud, commentaire

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Deux frères,
      (Two brothers),      2004, 
 
de : Jean-Jacques  Annaud, 
 
  avec : Guy Pearce, Jean-Claude Dreyfus, Philippine Leroy-Beaulieu, Freddie Highmore,
 
Musique : Stephen Warbeck


 
Le début du vingtième siècle en Inde, près du temple d'Angkor. Aidan McRory (Guy Pearce) est un célèbre chasseur, auteur de plusieurs ouvrages sur la matière. L'ivoire des éléphants d'Afrique ne rapportant plus beaucoup, il se tourne vers les tigres d'Inde. Justement, un couple de ces charmants félins vient de donner naissance à deux frères. L'un est quelque peu timide, effacé. L'autre plus en harmonie avec sa nature profonde de félin. Ils sont séparés. L'un se retrouve dans les mains de Aidan avant qu'il soit arrêté pour trafic. L'autre est adopté par Raoul (Freddie Highmore), fils de l'administrateur français, Eugène Normandin (Jean-Claude Dreyfus), qui rêve de créer une "route Normandin" amenant les futurs touristes aux ruines magnifiques du temple... 
 
 Cette histoire est une sorte de dessin animé Walt Disney qui, par la magie du modernisme, aurait pris vie réelle. Avec ses animaux attachants, ses personnages caricaturaux, pour ne pas dire en roue libre (Jean-Claude Dreyfus...), son humour élémentaire, ses situations parfaitement téléphonées. Indéniablement, il faut, de prime abord, saluer la performance des dresseurs de tigres. Le rendu de leur travail ainsi que celui de tous les inconnus qui ont dû participer à cette mise en scène, est tout à fait convaincant. Cela dit, l'ensemble respire tout de même pas mal le simplisme et le conte pour enfants. Non que les "bons" sentiments, apanage des "Disney" de la grande période, soient une denrée périssable qui ne doit plus avoir cours ! Loin de là ! Simplement, il y a plusieurs manières de les exposer et celle-ci, toute sympathique qu'elle soit, tire tout de même un peu trop vers le passéisme et le primaire.  
 
 Certes, il faut relativiser. Sans doute est-il difficile de concevoir et de réaliser une oeuvre, dont les héros sont des tigres, qui s'élève au-dessus de ce type d'aventure programmée. Le décor est grandiose (il est d'ailleurs à regretter que certains plans d'ensemble soient esthétiquement moyens), le dépaysement est présent, l'idée originelle tient assez bien la route, et quelques scènes hilarantes viennent pimenter quelque peu une composition par moments longuette, au final ultra prévisible. Et il ne saurait être question d'attendre ici le pétillement des dialogues d'un Woody Allen de bonne cuvée, ou la profondeur psychologique d'un Bergman grand cru. Alors, sachons nous contenter de ce qui nous est offert : un sympathique voyage dans une lointaine jungle du temps passé. Ce périple se révèlera peut-être jouissif pour les 8-15 ans (encore qu'avec les jeux vidéo à la Matrix, rien n'est moins sûr !), mais tout de même léger pour les croûtons de plus de trente ans...

   
Bernard Sellier