3 Billboards, les panneaux de la vengeance, film de Martin McDonagh

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3 Billboards,
  les panneaux de la vengeance,     (3 Billboards outside Ebbing, Missouri),         2017, 
 
de : Martin  McDonagh, 
 
  avec : Frances McDormand, Woody Harrelson, Sam Rockwell, Abbie Cornish, Zeljko Ivanek, Lucas Hedges,
 
Musique : Carter Burwell


 
Mildred (Frances McDormand) a perdu sa fille Angela, violée et assassinée, depuis plus d'un an. Elle est furieuse que la police n'ait aucune piste et semble se désintéresser de l'affaire. Un jour, elle a l'idée de louer trois panneaux publicitaires à l'entrée de la petite ville. Les inscriptions qu'elle y fait afficher sèment le trouble dans la population... 
 
 Martin McDonagh se fait rare en tant que réalisateur. Il nous avait offert il y a une décennie un excitant et captivant 'Bons baisers de Bruges'. Il récidive aujourd'hui en plongeant le spectateur dans un petit trou du Missouri, dans lequel les flics passent leur temps les pieds posés sur la table, une BD entre les mains, cognant sur du 'noir' lorsqu'ils sont en manque de distractions. Le réalisateur scénariste aime manifestement les personnalités qui sortent de l'ordinaire. Nous avons donc droit ici à une galerie de figures qui oscillent entre truculence et débilité, un peu comme dans le monde des frères Coen. Mildred est une femme solide, qui ne mâche pas ses mots et possède un sens de la répartie dopé au vitriol. Le sergent Dixon (Sam Rockwell) affiche, tout au moins dans un premier temps, une face d'abruti raciste qui n'est pas piquée des hannetons. Red Welby (Caleb Landry Jones), le publicitaire du lieu, fait dans l'humour décomplexé. Pénélope (Samara Weaving), la nouvelle copine à peine majeure de Charlie (John Hawkes), l'ex conjoint de Mildred, possède deux neurones et demi dans le cerveau. Bref, tout ce petit monde ne manque ni de caractère, ni de singularité. 
 
 C'est d'autant plus étonnant que le sujet est tout sauf bénin. Martin McDonagh a choisi de désamorcer la dramaturgie par une distanciation qui, reconnaissons-le, fonctionne très bien. Même si ce recul semble parfois artificiel. Les dialogues sont clinquants, peuplés de réparties parfois désopilantes, mais très écrits. Constatation qui avait déjà été faite dans le précédent film susnommé. Le sérieux imperturbable de Mildred, même dans les échanges ironico agressifs, compose une rupture franche avec ce microcosme de personnages tristement ou comiquement falots, duquel émerge la figure profondément humaine du chef Willoughby (Woody Harrelson). 
 
 Reste la fin du film... Il n'est pas forcément négatif de laisser un dénouement ouvert, mais, en l'occurrence, le flou qui clôture l'œuvre laisse un tantinet perplexe...

   
Bernard Sellier