8 Femmes, film de François Ozon, commentaire

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8 Femmes,
     2004, 
 
de : François  Ozon, 
 
  avec : Catherine Deneuve, Fanny Ardant, Isabelle Huppert, Emmanuelle Béart, Ludivine Sagnier, Firmine Richard, Virginie Ledoyen, Danielle Darrieux,
 
Musique : Krishna Levy


 
Suzon (Virginie Ledoyen) arrive dans la demeure de ses parents, Marcel (Dominique Lamure) et Gaby (Catherine Deneuve) pour passer en famille les fêtes de Noël. Elle y retrouve sa jeune soeur Catherine (Ludivine Sagnier), sa grand-mère (Danielle Darrieux), sa tante Augustine (Isabelle Huppert), sa nounou bien-aimée, Chanel (Firmine Richard), une nouvelle employée de maison, Louise (Emmanuelle Béart) et... son père, un poignard planté dans le dos ! L'assassin se cacherait-il parmi elles ? 
 
 La base de la pièce, nettement inspiré du "Volpone" de Ben Johnson, est intelligente et prometteuse. Les crêpages de chignon et règlements de compte en famille ou en couple ("Un air de famille", "Qui a peur de Virginia Woolf"...), donnent souvent naissance à des résultats d'autant plus jouissifs que ce genre de drame, à l'instar des accidents, n'arrive bien sûr que chez les autres. Lorsque, cerise sur le gâteau, le film nous offre une telle "brochette" (quel horrible mot !) d'actrices, que nombre de réalisateurs souhaiteraient voir défiler dans leurs génériques, le spectateur ne peut que se lécher les babines. Hélas, les promesses ne s'élèvent guère au niveau des espérances. Une fois passé le plaisir de voir entrer en scène chacune de ces représentantes du sexe dit faible, il est assez difficile de discerner l'intérêt de l'entreprise. Version luxe d'un épisode de "Au théâtre ce soir", la réalisation, classique de chez classique, ne nous fait jamais oublier que nous sommes dans un vaudeville somme toute conventionnel, qui brille surtout par une avalanche de rebondissements si excessifs qu'ils en deviennent risibles. Et, bien évidemment, par le talent des comédiennes. Leurs individualités sont heureusement croquées de manière vivante, parfois excitante (Augustine livre un numéro mémorable que l'on peut apprécier ou non, c'est selon le goût et l'humeur...). Le spectateur, cherchant avec difficulté les motivations de s'apitoyer ou de s'esbaudir, partagé entre le plaisir du déballage jouissif de linge sale, et le factice des situations, assis inconfortablement entre les chaises d'un faux-vrai drame et d'une vraie-fausse comédie, conclut que c'est l'artificialité du propos qui remporte en fin de compte la victoire. 
 
 Mais surtout, l'insupportable vient de ces interludes chantés (existent-ils dans la pièce ? Lorsque j'avais assisté à la représentation théâtrale, ils n'y figuraient pas, Dieu merci !), qui surviennent comme une mèche de cheveux gras dans le potage. Ils font ponctuellement verser dans le ridicule absolu les séquences qu'ils sont censé illuminer. Trois étoiles pour les actrices...
   
Bernard Sellier