L'accompagnatrice, film de Claude Miller, commentaire

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L'accompagnatrice,
       1992, 
 
de : Claude  Miller, 
 
  avec : Richard Bohringer, Romane Bohringer, Samuel Labarthe, Bernard Verley, Claude Rich, Elena Safonova,
 
Musique : Berlioz, Beethoven, Massenet, Schubert, Mozart

  
 
La seconde guerre mondiale. Sophie Vasseur (Romane Bohringer) est une jeune pianiste timide et effacée. Elle devient l'accompagnatrice d'une célèbre cantatrice, Irène Brice (Elena Safonova), dont le mari, Charles (Richard Bohringer) gagne beaucoup d'argent dans un commerce où Vichy a la belle part. Sophie entre peu à peu dans l'intimité d'Irène. Un jour, Charles, désabusé et passablement dégoûté, décide de traverser l'Espagne et de gagner Londres. Il n'y est pas reçu avec un enthousiasme délirant, étant donné ses anciens rapports avec l'occupant, mais il est néanmoins autorisé à s'installer... 
 
 Film étrange, passablement désincarné, où l'on suit le cheminement de la petite Sophie, de son désir d'être aimée, de son aspiration à l'amour, et qui, comme elle le dit elle-même à la fin du film, passe à côté de la vie. Mais c'est aussi la fâcheuse impression du spectateur qui semble être tenu en dehors de cette aventure intime. Elle demeure extérieure à lui, comme figée dans un monde artificiel auquel il n'a pas accès. Il est difficile de se sentir concerné par des enjeux qui sont bien nébuleux et difficilement appréhendables. La vie difficile pendant l'occupation, les amours clandestines d'Irène, son visage fin de fragile porcelaine, la souffrance cachée sous un masque de gaîté forcée de Charles, l'écartèlement de Sophie entre admiration et jalousie, tout cela ne nous concerne guère. Et ce n'est pas le visage glacé de la jeune pianiste, parfaitement dans son rôle, qui apporte un peu de lumière et de chair à ce drame abstrait. Tout y est couleur de pluie, atmosphère de grisaille feutrée, malgré les repas somptueux et les concerts à succès. Seul le personnage de Charles, faux extraverti désabusé et cinglant, apporte une pincée de poivre et de piment à cette histoire qui manque cruellement d'enjeu charnel et passionnel. Et l'on finit par s'ennuyer quelque peu... 
 
 "Garde à vue" était touné dans un lieu unique, il n'y avait ni pléthore de personnages, ni décors somptueux, ni enjeux historiques, et pourtant, quel concentré de tension émotionnelle et de drames intérieurs entre les deux hommes qui se faisaient face ! Ici, tout semble aussi lisse et compassé que les soyeuses robes d'Irène...
   
Bernard Sellier