Alice et le maire, film de Nicolas Pariser, commentaire

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Alice et le maire,
          2019,  
 
de : Nicolas  Pariser, 
 
  avec : Fabrice Luchini, Anaïs Demoustier, Nora Hamzawi, Leonie Simaga, Maud Wyler, Alexandre Steiger,
 
Musique : Benjamin Esdraffo, Claude Debussy...


 
Le maire de Lyon, Paul Théraneau (Fabrice Luchini), vieux briscard de la politique, est en panne d'idées. Une jeune femme récemment engagée pour un poste qui vient d'être supprimé, Alice (Anaïs Demoustier), est chargée de lui redonner du carburant... 
 
 Ce film, écrit et réaliser par Nicolas Pariser, est une confrontation au sommet entre un Fabrice Luchini toujours époustouflant de finesse et d'expressivité faciale, et une toute jeune femme, fraîchement sortie d'études philosophiques, à la fois fragile, ingénue mais inventive, et idéalement incarnée par Anaïs Demoustier. Le face à face entre la jeunesse vierge politiquement et l'homme usé par le pouvoir constitue de meilleur de ce film. Les idées sur le socialisme, la démocratie, les idéaux, l'humanisme, l'avenir assombri par les crises, sont débattues avec intelligence et parfois avec humour ( le stupide projet Lyon 2500 initié par Patrick Brac (Thomas Chabrol) ). 
 
 Malheureusement, tout cela reste très (trop ?) verbeux et manque singulièrement d'aspérités narratives. Quand il sort de ce film, le spectateur peut avoir l'impression d'un récit totalement nivelé, où pas un mot ne s'élève plus haut que l'autre. Sans vouloir copier ' House of cards ', il aurait été judicieux, et autrement excitant, que plusieurs noeuds dramatiques ponctuent cette confrontation, qui, au bout du compte, n'en est pas une. L'écriture à quatre mains du discours final donne une légère idée de ce qu'aurait pu être un bouillonnement intellectuel bienvenu. Mais, là encore, le projet avorte puisque le discours ne sera jamais prononcé. Quant aux seconds rôles, ils pâtissent également de cet écrêtage général. Xavier (Pascal Rénéric), l'imprimeur, apparaît un instant comme un îlot de résistance pour disparaître presque aussitôt. Gauthier (Alexandre Steiger), l'ami fidèle, fait de la figuration. Les jalousies intra-services sont juste effleurées. Il faut donc uniquement compter sur le duo vedette pour donner vie à cette histoire au demeurant très réaliste dans son atmosphère. C'est un peu décevant...
   
Bernard Sellier