L'amant double, film de François Ozon, commentaire

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L'amant double,
         2017,  
 
de : François  Ozon, 
 
  avec : Marina Vacth, Jérémie Rénier, Jacqueline Bisset, Myriam Boyer, Dominique Reymond,
 
Musique : Philippe Rombi


 
Ne pas lire avant d'avoir vu le film

 
La jeune Chloé (Marina Vacth) souffre de douleurs abdominales récurrentes. Elle consulte un jour un psychiatre, Paul Meyer (Jérémie Rénier). Mais au bout de quelques séances, ils deviennent amants et emménagent dans un appartement. Très rapidement, elle se rend compte que des zones d'ombre entourent l'homme qu'elle côtoie... 
 
 Deux vrais jumeaux, une obsession pour le sexe, un jeu de miroirs passablement pervers, tous ces éléments évoquent immédiatement le souvenir du captivant "Faux semblants" de David Cronenberg. Contrairement à ce qui se passait entre Geneviève Bujold et Jeremy Irons, c'est la jeune Chloé qui mène cette danse aussi pernicieuse que dangereuse. Incarnée par Marine Vacht avec un mélange subtil de fragilité et de véhémence, la jeune fille semble ballottée comme un fétu de paille entre les désirs et les fantasmes ambigus de son inconscient perturbé. Durant une grande partie du film, le récit joue avec cette attirance écartelée de Chloé entre deux personnalités physiquement semblables mais psychologiquement antagonistes. Et le spectateur voit s'approcher une possible résolution sanglante d'un drame jusqu'alors sculpté dans l'argile d'un thriller érotique. 
 
 Mais ce ne sont là que faux-semblants, puisque dans la dernière partie se dessine un tout autre panorama des événements, pour le moins perturbant. Le mélange de froideur atmosphérique et de flamboiements charnels qui prévalait jusque là, débouche sur une issue insolite, qui redistribue les cartes avec un culot assumé. 
 
 Une œuvre profondément troublante, habitée par des personnalités ambiguës (jusqu'à Rose (Myriam Boyer), la voisine amoureuse des chats), pessimiste quant à la nature humaine, mais qui manifeste, au bout du compte, une sinuosité et une nébulosité que l'on peut trouver passablement artificielles.
   
Bernard Sellier