American Dreamz, film de Paul Weitz, commentaire

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American dreamz,
         2006,  
 
de : Paul  Weitz, 
 
  avec : Hugh Grant, Dennis Quaid, Jennifer Coolidge, Willem Dafoe, Mandy Moore, Chris Klein, Sam Golzari, Carmen Electra,
 
Musique : Stephen Trask


 
Martin Tweed (Hugh Grant) est le présentateur adulé de l'émission la plus regardée à travers les Etats-Unis : "American Dreamz", une "Star Academy" à l'américaine. La nouvelle saison doit commencer et la recherche des candidats susceptibles de faire exploser l'audience bat son plein. Sally Kendoo (Mandy Moore), une adolescente de Padookie, dans l'Ohio, est sélectionnée. Son petit ami, William Williams (Chris Klein) jubile, mais sa joie est de courte durée, car il se fait larguer sans ménagements. En Californie, à la suite d'un concours de circonstances inattendu, le jeune Omer Obeidi (Sam Golzari), récemment arrivé d'un camp d'entraînement terroriste en Afghanistan, est lui aussi choisi, à la place de son cousin Iqbal Riza (Tony Yalda). Grande nouvelle : c'est le Président en personne, Joseph Staton (Dennis Quaid), qui sera le juge suprême de la finale... 
 
 Les Américains n'ont peut-être pas la chance de posséder des "Guignols de l'Info", ce qui ne les empêche pas de se moquer joyeusement de leurs émissions télévisées, de leurs multinationales empoisonneuses, et de leur Président en exercice. Mais, paradoxalement, les satires, même assaisonnées d'une bonne dose de vitriol, conservent une étrange saveur douceâtre, comme si les dérives dénoncées, les incompétences majeures, les aberrations gouvernementales, n'avaient finalement pas une si grande importance que ça. "Thank you for smoking", sorti récemment, se montrait cinglant, âpre, tout en enveloppant son message dans un coffret tellement jubilatoire qu'il en rendait le contenu presque aseptisé. Nous sommes ici dans le même cas de figure. Martin Tweed est un salaud, dont le sadisme oral semble directement inspiré de notre consternante Laurence Boccolini. Le commentaire qu'il adresse à l'un des candidats pourrait sans peine jaillir de la bouche venimeuse de la présentatrice sus-nommée : "Tu es un virus Ebola musical"... Mais en fin de compte il est un tendre salaud, parfois même pitoyable, lorsque son sourire Gibbs s'efface, pour laisser émerger les failles de son être. Le Président est un imbécile de première grandeur, ignorant, dopé par sa femme aux pilules du bonheur, et persuadé que c'est le Seigneur qui l'a installé à la Maison Blanche. Il passe son temps au lit et se fait dicter les rares paroles qu'il prononce en public par son conseiller (campé magistralement par un Willem Dafoe vieilli). Pourtant, il est impossible de lui tenir rigueur de sa connerie, tant il fait pitié, empêtré dans son incompétence crasse, englué dans sa maladresse congénitale. Le rêve américain, suffisamment éblouissant pour métamorphoser des êtres fragiles en rouleaux compresseurs, pour jouer avec les sentiments authentiques, histoire d'accroître l'audimat, est aussi capable de sauver un pauvre bougre embrigadé par de vilains terroristes.  
 
 Bref, la conclusion que l'on peut tirer de cette édifiante histoire, est que : "tout le monde il est pas beau, tout le monde il est pas gentil, mais ça peut s'arranger pourvu que la Force soit avec nous"... Reconnaissons cependant que le réalisateur de "American Pie" nous convie à un spectacle piquant, gentiment provocateur, et ose un dénouement, certes en partie prévisible, mais relativement grinçant. Joseph Staton demeure toujours aussi débile, et le clin d'oeil final, symbolisé par le célèbre "The show must go on" reste en travers de la gorge.
   
Bernard Sellier