Anatomie d'un scandale, série de S.J. Clarkson, commentaire

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Anatomie d'un scandale,
    (Anatomy of a scandal),    Série,     2022,  
 
de : S.J. Clarkson, 
 
  avec : Rupert Friend, Michelle Dockery, Naomi Scott, Sienna Miller, Ben Radcliffe, Joshua McGuire,
 
Musique : Johan Söderqvist


 
Ne pas lire avant d'avoir vu la série

 
James Whitehouse (Rupert Friend), brillant politicien, est secrétaire d'état dans le gouvernement de son ami, Tom Southern (Geoffrey Streatfeild), premier ministre britannique. Il vit avec son épouse Sophie (Sienna Miller) et leurs deux enfants. Sa liaison de quelques mois, désormais terminée, avec sa jeune attachée parlementaire, Olivia Lytton (Naomi Scott) est révélée. Ce scandale ébranle le couple mais sans plus. Quelques jours plus tard, Olivia accuse James de viol...
 
 Sur un plan anecdotique, c'est avec plaisir que nous retrouvons Rupert Friend, le touchant Peter Quinn de «Homeland». Ce qui est évident, c'est qu'il se montre aussi à l'aise en agent secret qu'en ministre britannique glamour et sexy. Les audiences du procès occupent une grande partie du récit et permettent de soulever une à une les pelures d'oignon d'une personnalité aussi complexe que manipulatrice. Mais cette mise à jour progressive s'opère en permanence dans une demi-teinte surprenante. L'exemple le plus flagrant réside dans l'accusation portée par Olivia. Au premier abord, on peut même se demander à juste titre pour quelle raison l'avocate générale Kate Woodcroft (Michelle Dockery) porte avec autant de conviction une mise en accusation qui repose sur des circonstances pour le moins ambiguës. La liaison des deux amants a duré cinq mois et Olivia avoue elle-même qu'elle est toujours amoureuse de James. Nous aurons bien sûr par la suite l'explication de cet acharnement. Mais cette faiblesse de la partie civile est en osmose avec la peinture en permanence nuancée de l'accusé. Jamais James n'apparaît comme un monstre. Il est orgueilleux, infatué de sa personne, est né et a été élevé dans des draps de soie, a fréquenté l'université d'Oxford, ce qui l'a conduit à considérer que l'aura de puissance et de charme qu'il dégage ne peut que recevoir un acquiescement de la part des autres. Mais parallèlement, il est sincèrement amoureux de sa femme et adore ses enfants. Le double interrogatoire d'Olivia et de James montre avec justesse la crête ténue qui sépare la perception d'une agression sexuelle de la conviction que l'acte d'amour est partagé. Le scénario joue sans cesse avec cette ambivalence, même si, très progressivement, la balance penche vers un assombrissement de la personnalité de James. La subtilité avec laquelle cette mini série observe une société d'élites, de nantis, de politiciens spécialistes de la manipulation et des mensonges réels ou par omission, tous déconnectée de la 'populace', est remarquable. Le drame intime et le drame public se fondent avec une fluidité exemplaire. Les acteurs du quatuor principal sont d'une expressivité sans faille, et la facture visuelle est soignée, mais on cherche la justification de ces mouvements de caméra,  parfois virevoltants, avec des plans à 45°, qui semblent n'avoir pour but que d'apporter une patte artificielle faussement originale.
   
Bernard Sellier