Anon, film de Andrew Niccol, commentaire

  Bienvenue sur le site d'un manipulateur de mots, passionné d'écriture, de cinéma, de musique, d'ésotérisme...     

Anon,
                    2018, 
 
de : Andrew  Niccol, 
 
  avec : Clive Owen, Rachel Roberts, Amanda Seyfried, James Tam, Jonathan Potts, Jeffrey Men,
 
Musique : Christophe Beck

 
 
Dans un futur (proche ?) aussi bien les objets que les humains sont catalogués, répertoriés de manière intégralement lisible. Pourtant, le lieutenant de police Sal Frieland (Clive Owen) est confronté à une série de meurtres dont l'assassin ne laisse aucune signature. Comme s'il n'existait pas... 
 
 Pas de doute, le scénario est ambitieux et original dans sa manière d'aborder des thèmes souvent explorés, à savoir les manipulations de la mémoire, des visions mentales et les distorsions programmées de la réalité. Dans un monde presque en noir et blanc, quasi informatique, haché de lignes géométriques horizontales ou verticales, au milieu de décors dépouillés, gris, froids, où trônent des tables nues, tout repose sur la transparence, et les personnages évoluent comme des robots dont les archives mentales s'afficheraient en permanence. Sal va donc mener une enquête pour le moins nébuleuse, dans laquelle le ou la suspecte est invisible, avec en permanence une altération possible des scènes de crimes grâce aux pouvoirs du l'assassin. Autant dire que la lisibilité et la compréhension de l'histoire ne sont pas des plus aisées. 
 
 Mais le plus handicapant, pour le spectateur, réside dans le fait que tout dans ce récit, personnages, faits, relations, atmosphère, est aseptisé, glaçant, désincarné. Même au coeur d'un futur dans lequel règne le totalitarisme et une robotisation intense, il est tout à fait possible de générer une émotion. Nous l'avons vu ces dernières années dans des oeuvres aussi différentes que 'Real humans', 'Seven sisters', ou même 'Bienvenue à Gattaca' du même réalisateur. Ici, en revanche, l'approche se veut tellement technique, aussi bien visuellement ( l'écran est en permanence zébré d'une myriade de lignes et de rectangles informationnels )que fondamentalement, les personnalités se révèlent tellement inhumaines et rigidifiées, que l'on se contrefiche totalement aussi bien du devenir des protagonistes que de l'issue du drame. Et le temps paraît bien long, alors que le film est d'une durée tout à fait normale...
   
Bernard Sellier