Antebellum, film de Gerard Bush, Christopher Renz, commentaire

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Antebellum,
        2020,  
 
de : Gerard  Bush, Christopher  Renz, 
 
  avec : Janelle Monáe, Eric Lange, Jena Malone, Jack Huston,
 
Musique : Roman GianArthur Irvin, Nate 'Rocket' Wonder 


 
Ne pas lire avant d'avoir vu le film...

 
Une plantation de coton dans le sud des États-Unis où règne la blonde Elizabeth (Jena Malone). De nombreux esclaves noirs, hommes et femmes, y travaillent dans des conditions terribles. En particulier la jeune Eden (Janelle Monáe), qui rêve de s'enfuir...

 Le film s'ouvre par un superbe plan séquence qui passe progressivement de l'harmonie la plus totale (une fillette courant vers sa mère dans une vaste propriété champêtre) à la sauvagerie la plus primaire, qui plus est soutenu par une musique aux lourdes basses qui vrille les tripes. Le spectateur peut alors penser que le ton est donné et que le récit va suivre son chemin de la dénonciation classique, voire caricaturale, d'une barbarie ancestrale, avec ses militaires et propriétaires terriens racistes et cruels, à la façon de «12 years a slave». Mais les deux scénaristes réalisateurs n'ont pas dit leur dernier mot, tout au moins en ce qui concerne la linéarité supposée de leur œuvre. Car, à la quarantième minute, un rebondissement vient soudain bouleverser la donne. Dès lors, l'histoire semble emprunter le chemin d'une double temporalité des évènements, que l'on attribue, de manière spontanée et trop précipitée, à la réincarnation.

 Mais, là encore, on a tout faux. Car le scénario rebascule alors dans une nouvelle interpénétration des séquences, qui redistribue, in fine, toutes les données de la chronologie narrative. Alors, certes, il est possible de voir dans cette construction déstructurée un artifice grossier, voire contre-productif. Pourtant, il est quasiment impossible d'être insensible à la rage qui anime aussi bien Eden que ses bourreaux, comme si ce drame intemporel opérait une concentration des souffrances et des cruautés séculaires afin d'en offrir une sorte de quintessence universelle. Manifestement, beaucoup de spectateurs ne sont pas convaincus par le film (voir la note incroyable de 5,6 sur IMDB à ce jour de février 2021 !). Mais ceux qui entreront dans cette vision originale et visuellement superbe, recevront un choc assez inoubliable...
   
Bernard Sellier