Un après-midi de chien, film de Sidney Lumet, commentaire

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Un après-midi de chien,
      (Dog day afternoon),      1975, 
 
de : Sidney  Lumet, 
 
  avec : Al Pacino, John Cazale, Charles Durning, Chris Sarandon, James Broderick, Carol Kane, Sully Boyar,  
 
Musique : --


 
Deux petits malfrats, Sonny Wortzik (Al Pacino) et Sal (John Cazale) pénètrent dans une banque pour un hol-up qui doit ne prendre que quelques minutes. Le directeur de l'établissement, Mulvaney (Sully Boyar), semble désireux de coopérer et les employées sont trop effrayées pour tenter une réaction quelconque. Pourtant une première déconvenue attend les apprentis braqueurs : l'argent vient d'être transféré et les caisses sont quasiment vides. Lorsque Sonny et Sal s'apprêtent à fuir, ils s'aperçoivent que la police encercle tout le quartier. C'est l'affolement et le début d'un affrontement tendu entre Sonny et le chef de la police, Eugene Moretti (Charles Durning)... 
 
 Une tentative de braquage qui tourne au vinaigre, filmée quasiment en huis-clos pendant deux heures, voilà un sujet qui semble au premier abord aussi minimaliste que primaire. Pourtant, comme il l'avait déjà pleinement réussi dans le domaine de la délibération d'un jury d'assises ("12 Hommes en colère"), Sidney Lumet s'affranchit totalement des banalités attendues, pour transfigurer cet affrontement élémentaire entre flics et preneur d'otages en un drame psychologique aussi acéré que poignant. Au fil des heures, avec pour tout aliment quelques événements banals, le scénario explore diverses facettes de la personnalité de Sonny jusque dans ses frustrations, faiblesses et désespoirs les plus intimes. Il faut préciser tout de même que la réussite est grandement aidée par une prestation magistrale de Al Pacino, d'une authenticité majeure dans l'incarnation de cet être paumé et pitoyable, qui est amené à faire le point sur la valeur, la réalité de ses affections intimes et familiales, ainsi que sur le (non) sens de sa vie. Mais si le rôle qui lui est dévolu permet à son personnage de passer de l'excentricité à la torpeur, de la colère à l'effondrement, de la manipulation à la résignation, il ne faut pas oublier John Cazale, qui, sans presque jamais s'exprimer oralement, parvient à traduire, par le seul regard, toute la détresse et la panique qui gonflent en lui. Parfois presque drôle, toujours juste, toujours captivante, voilà une oeuvre, fondée sur une histoire vraie, qui n'a pas pris une seule ride depuis plus de trente ans.
   
Bernard Sellier