L'associé du Diable, film de Taylor Hackford, commentaire

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L'associé du diable,
         (The devil's advocate),      1997, 
 
de : Taylor  Hackford, 
 
  avec : Al Pacino, Keanu Reeves, Charlize Theron, Jeffrey Jones, Judith Ivey, Connie Nielsen, Debra Monk, Delroy Lindo,
 
Musique : James Newton Howard


 
Kevin Lomax (Keanu Reeves) est un jeune et brillant avocat de Floride. Après une nouvelle victoire dans un procès où l'on attendait sa défaite, il est contacté par Leamon Heath (Ruben Santiago Hudson) qui, au nom d'un puissant personnage de New-York, John Milton (Al Pacino), lui fait une offre mirobolante. Kevin accepte et se retrouve avec sa charmante femme, Mary Ann (Charlize Theron), dans un appartement luxueux au coeur de la cité. Tout semble se présenter sous les meilleurs auspices. Il fait la connaissance de son employeur, ainsi que du directeur général de la société, Eddie Barzoon (Jeffrey Jones). Mais, rapidement, Mary Ann commence à sentir une angoisse profonde la gagner, d'autant plus que Kevin, accaparé par son travail, ne la voit plus guère... 
 
 Tout débute comme l'histoire classique d'un jeune loup aux dents longues. Habitué à ne jamais perdre, aussi bien dans sa période de partie civile que dans celle où il s'est maintenant plongé, la défense des accusés, Kevin est le type même du brillant universitaire auquel tout réussit : le domaine professionnel ainsi que celui du cœur, puisqu'il a épousé la superbe Mary Ann. Mais, au cours du procès d'un pédophile, la belle façade va laisser apparaître une première fissure. Malgré quelques étrangetés visuelles (accélérations temporelles qui font un peu penser à "Koyaanisqatsi"), la narration poursuit pendant un temps assez long dans le traditionnel. Puis, brusquement, une simple vision de Mary Ann suffit à faire basculer dans le fantastique que laissait supposer le titre. Taylor Hackford négocie intelligemment ce passage dans une autre dimension, réservant à la longue tirade finale (dans un décor magique de statues érotiques vivantes) d'un Al Pacino qui se délecte manifestement de son rôle, l'éclaircissement de tous les événements qui ont défilé sous nos yeux. A la place d'une simple intrigue socio-psychologique, apparaît alors une assez vertigineuse réflexion sur le libre-arbitre et la culpabilité, tandis que, grâce à une double pirouette finale assez inattendue, l'œuvre dans son ensemble, prend la forme d'une observation passablement cynique sur la nature humaine et l'un de ses principaux moteurs, la vanité. C'est passionnant de bout en bout, interprété à la perfection par un trio qui explore le triangle de l'orgueil (belle intensité émotionnelle de Keanu Reeves), de la jouissance impériale (un Al Pacino gourmet et délicieusement cabotin) et de la fragilité (Charlize Théron poignante). 
 
 Un ensemble fascinant.
   
Bernard Sellier