L'auberge espagnole, film de Cédric Klapisch, commentaire

  Bienvenue sur le site d'un manipulateur de mots, passionné d'écriture, de cinéma, de musique, d'ésotérisme...     

L'auberge espagnole,
    2002, 
 
de : Cédric  Klapisch, 
 
  avec : Romain Duris, Judith Godrèche, Audrey Tautou, Cécile de France, Wladimir Yordanoff,
 
Musique : Loïc Dury, Ardag

   
 
Xavier (Romain Duris) obtient la possibilité d'aller passer un DEA à Barcelone, ce qui permettrait à un ami de son père, titulaire d'une haute situation gouvernementale, de lui dénicher un job de qualité à la Commission Européenne. Bien qu'assez peu motivé, Xavier se résout à partir un an en Espagne, ce qui n'est du goût ni de sa mère (poule) ni de son amie Martine (Audrey Tautou). Dans l'avion, il fait la connaissance de Jean Michel (Xavier de Guillebon), neurologue macho, fraîchement marié à la douce et un peu coincée Anne Sophie (Judith Godrèche). D'abord hébergé chez eux, Xavier ne tarde pas à dénicher une chambre dans un appartement occupé par des étudiants de diverses nationalités. Il y a là l'Anglaise Wendy (Kelly Reilly), un Allemand, un Italien, une Belge... La vie catalane commence... 
 
 Cédric Klapisch aime décidément les menus riens qui s'amalgament et font une histoire. Ce n'était pas vraiment une réussite dans l'un de ses premiers films, "Riens du tout". La mayonnaise avait bien de la difficulté à prendre consistance. On retrouve ici ces morceaux de puzzle composés de détails de la vie quotidienne, d'amours ébauchées, de tensions internes, de petits drames, de joies furtives. Le milieu hétéroclite, pan-européen, se prête évidemment bien à la mise en rapports des cultures, des différences d'éducation, des limites propres à chaque civilisation, apportant conjointement un enrichissement mutuel.  
 
 Passons d'abord sur certains tics agaçants, tels les mouvements saccadés, images accélérées, écrans ou voix simultanés, surimpression d'images. Même si leur insertion n'est pas vraiment gratuite, le résultat et l'utilité ne me paraissent pas évidents. Pour sûr, ça fait moderne, branché, mais plutôt que des trouvailles visuelles originales et gratifiantes, j'y verrais un moyen artificiel de dépasser une certaine banalité des situations et du propos. Le début se met assez difficilement en place. C'est à la fois superficiel, d'une subtilité pas évidente, et dénote un certain manque d'implication de la part du réalisateur. Certaines scènes sentent le remplissage et n'apportent rien à l'histoire ou à la psychologie des personnages. Et puis, petit à petit, une vraie tendresse finit par s'installer dans la description de cette micro colonie. Des moments de tendresse, de sensibilité apparaissent. Les errances intérieures de Xavier quittent l'abstraction artificielle pour devenir une quête de l'identité émouvante. Le film doit d'ailleurs beaucoup, à mon sens, à Romain Duris qui apporte une grande crédibilité et une sensibilité vraie à ce personnage déboussolé, à la recherche de ses marques et du sens de sa vie.  
 
 Au final, un agrégat qui finit par donner un tout bien sympathique.
   
Bernard Sellier