L'avocat du Diable, film de Sidney Lumet, commentaire

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L'avocat du Diable,
        ( Guilty as sin ),       1993, 
 
de : Sidney  Lumet, 
 
  avec : Rebecca de Mornay, Don Johnson, Stephen Lang, Jack Warden, Dana Ivey, Luiz Guzman,
 
Musique : Howard Shore


 
Jennifer Haines (Rebecca de Mornay) est une brillante avocate. Elle est contactée un jour par un étrange personnage, David Greenhill (Don Johnson) qui est accusé d'avoir défenestré sa richissime femme pour hériter d'elle. Il parvient à obtenir que Jennifer le défende et s'impose de plus en plus dans sa vie privée. Il cherche même à faire croire à l'entourage de la jeune femme qu'il est son amant. Le procès commence... 
 
 Évidemment, nous sommes bien loin du film de procès qui a fait la gloire de Sydney Lumet en 1957 : "12 Hommes en colère". Il faut dire que 45 ans ont passé et que les goûts du public ont passablement évolué ! Ce n'est donc nullement ici une analyse approfondie des doutes, croyances, certitudes, racismes, d'un jury populaire, mais un thriller efficace sur fond de crime et de jugement. Efficace, non pas tellement pour l'incarnation que livre Rebecca de Mornay de son personnage d'avocate. On a connu plus crédible dans le genre. Ce qui est également vrai pour les séquences de tribunal, plus que simplistes.  
 
 En revanche, le personnage de David, bien que caricatural dans ses excès, ne manque pas de force. Cynique, manipulateur, jouisseur, joueur, goujat, il cumule vraiment tout ce que la nature humaine peut avoir fondamentalement de mauvais et de repoussant. Il est l'image même du démon dissimulé sous un visage d'ange. Le scénario repose entièrement sur le jeu pervers de la fascination et de la répulsion qui se partagent le cœur de Jennifer. Ce n'est jamais d'une grande finesse, mais à force de coups tordus, de machiavélisme, la personnalité de David, tout en décontraction et en sous-entendus, hormis quelques sursauts de violence basique, finit par rendre assez envoûtante cette descente aux enfers programmée. Le titre français ne laisse guère de doutes sur le véritable tempérament du suspect, mais l'attention se détourne habilement de la vérité et d'un suspense purement judiciaire, pour se concentrer sur les relations psycho-pathologiques des deux protagonistes. Cette histoire aussi abracadabrante qu'horrible repose toute entière sur une phrase prononcée par David au début : "le plus embêtant quand on commet des crimes parfaits, c'est qu'on ne peut en parler à personne" ! C'est effectivement un dilemme lorsque l'on est mégalomane...
   
Bernard Sellier