Beau séjour, saison 1, film de Nathalie Basteyns, commentaire

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Beau séjour,
     Saison 1,    2016,  
 
de : Nathalie  Basteyns, Kaat  Beels..., 
 
  avec : Lynn van Royen, Inge Paulussen, Kris Cuppens, Katrin Lohmann, Joke Emmers, Jan Hammenecker,
 
Musique : Jeroen Swinnen


 
Ne pas lire avant d'avoir vu la série

 
Une petite ville de Flandre. Kato Hoeven (Lynn van Royen) se réveille un jour dans la chambre 108 d'un hôtel en rénovation. Elle est couverte de sang. Le problème est qu'elle constate que son corps gît sans vie dans une baignoire. Elle tente d'alerter sa mère, Kristel Brouwers (Inge Paulussen), mais celle-ci ne semble pas la voir ! Elle connaît un peu plus de succès avec son père, désormais divorcé, Luc Hoeven (Kris Cuppens), qui perçoit sa présence... 
 
 Il se révèle bien sûr très difficile de construire une histoire dans laquelle le protagoniste principal est mort. En 1990, Jerry Zucker avait relevé le défi avec passion et charme dans le mémorable "Ghost". Mais sur une série, même relativement courte, le challenge est encore plus lourd. Les scénaristes ont donc contourné le problème avec intelligence, en rendant la jeune morte visible par certaines personnes. Ce qui, accessoirement, renforce encore le mystère, car on se demande légitimement pourquoi Kato est transparente pour certains et non pour d'autres. Hormis cette particularité essentielle, le récit se présente comme une intrigue criminelle au déroulement classique, dans laquelle Kato se promène dans son corps astral. Cela ne surprendra nullement ceux qui possèdent quelques capacités de médiumnité, mais ne va pas aussi sans quelques incongruités. Comme par exemple lorsque Luc demande à sa fille-fantôme si elle veut manger ! Cela dit, il est facile de comprendre que s'habituer à percevoir son enfant désincarné ne doit pas être une mince opération. 
 
 Hormis ces considérations, force est de reconnaître que la dramaturgie est de première qualité, grâce à une grande richesse et une savante complexité des péripéties qui éclairent peu à peu le mystère, mais surtout grâce à un approfondissement psychologique des personnages qui rend ceux-ci intensément vivants, gorgés de chair, de sang, de souffrances, de détresses multiples. Il n'y a pas un intervenant, même secondaire, qui soit laissé sur le bord de la narration, depuis l'énigmatique grand-mère Renée (Reinhilde Declair), jusqu'au petit Cyril (Guus Bullen), en passant par Ines Anthoni (Joke Emmers) ou encore Bart Blom (Roel Vanderstukken). Tous composent une toile d'araignée profondément authentique, viscéralement vivante. La distribution est au diapason, avec une mention spéciale pour Luc, Marcus, mais aussi Kristel, Alexander (Johan van Assche), et bien sûr, la troublante et enivrante Kato. Un grand merci à la chaîne Arte, souvent dispensatrice de créations plus intellectuelles que charnelles, qui, cette fois, nous offre une pépite d'un réalisme dramatique jamais pris en défaut, et cela, sans recourir ne serait-ce qu'occasionnellement, aux effets spéciaux souvent de mise dans le genre.
   
Bernard Sellier