La Belle et la Bête, film de Jean Cocteau, commentaire

  Bienvenue sur le site d'un manipulateur de mots, passionné d'écriture, de cinéma, de musique, d'ésotérisme...     

La belle et la bête,
      1946,  
 
de : Jean  Cocteau, 
 
  avec : Jean Marais, Josette Day, Michel Auclair, Raoul Marco, Mila Parély, Marcel André, Nane Germon,
 
Musique : Georges Auric


 
Lire le poème (CinéRime) correspondant : ' Métamorphoses '

 
Un armateur (Marcel André) a trois filles, Félicie (Mila Parély), Adélaïde (Nane Germon), Belle (Josette Day) et un fils Ludovic (Michel Auclair). Félicie et Adélaïde sont deux pimbèches orgueilleuses qui jouent les grandes dames, tandis que leur soeur, à l'instar de Cendrillon, s'épuise aux travaux du ménage. Leur père est ruiné. Un jour, on annonce le retour inespéré de l'un de ses bateaux. Il accourt au port, mais apprend que les usuriers ont déjà mis le grappin sur ce qui leur était dû et qu'il ne reste rien. Désespéré, il revient chez lui de nuit, se perd dans la forêt et pénètre dans un château mystérieux dont le propriétaire est un hideux monstre mi-homme, mi-animal. Ayant cueilli une rose que lui avait demandée Belle, la Bête le condamne à mort, à moins qu'une de ses filles n'accepte de venir prendre sa place au château. Belle accepte. Chaque soir, la Bête lui demande si elle accepte de l'épouser, et chaque soir, elle refuse... 
 
 Étrange film, devenu culte, qui génère à la fois l'émerveillement et l'agacement.  
 
 Émerveillement pour ces décors mêlant le rêve et la réalité, la mort et la vie, la laideur et la grâce, la violence et la paix. Il est difficile d'oublier les candélabres supportés par des bras vivants surgis des murs nus, les visages sculptés qui suivent les personnages du regard, ce miroir magique qui donne à celui qui regarde, la vision de son âme. Et puis cette Bête, au maquillage remarquable, symbole de la souffrance de celui qui n'est perçu que par les apparences. Et celles-ci ne sont pas vraiment flatteuses, il faut le reconnaître ! La poésie, l'émotion, surgissent à des moments furtifs. Bien rares... 
 
 Agacement parce que tout cela est quand même bien artificiel, prévisible, et qu'à mon goût, la forme l'emporte beaucoup trop sur le fond. Le risque majeur avec le conte filmé est que le détachement du monde réel quotidien, qui est son principe de base obligatoire, ne s'accompagne d'une trop grande faille dans la résonance de l'univers onirique avec notre ressenti d'humain. C'est, à mon sens, ce qui se passe ici. Même en ce qui concerne les dialogues, on aurait pu s'attendre de la part du poète qu'était Jean Cocteau à une plus grande richesse. Le moins qu'on puisse dire est que le texte ne laisse pas un souvenir impérissable ! Sans compter une musique quasi-permanente et, pour moi, horripilante, mélange de choeurs informes d'outre-tombe et de mélodies vaguement Debussystes, qui submerge les scènes entre la Belle et la Bête tout en noyant le petit peu d'émotion qui s'en dégage. 
 
 Question d'époque, de tempérament, de sensibilité... ? Toujours est-il que cette oeuvre, dont je conçois parfaitement qu'elle puisse être portée aux nues par certains esthètes, n'entre pas vraiment en harmonie avec mes goûts intérieurs...
   
Bernard Sellier