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Bodkin,
     Saison 1,     2024, 
 
de : Jez  Scharf, 
 
  avec : Siobhán Cullen, Robyn Cara, Chris Walley, David Wilmot, Will Forte,
 
Musique : Paul Leonard-Morgan


   
Ne pas lire avant d'avoir vu la série

 
Un coin reculé de la campagne irlandaise. Gilbert (Will Forte), célèbre podcasteur américain, se rend dans un village où trois personnes ont disparu vingt-cinq ans auparavant. Il est accompagné d'une jeune documentariste, Emmy (Robyn Cara) et d'une journaliste londonienne, Dove (Siobhán Cullen), qui a reçu de son patron, Damien (Charlie Kemp), l'ordre de se faire oublier quelque temps pour cause de reportage sous haute tension médiatique. Le trio ne tarde pas à voir que leur enquête dérange certaines personnes...

 Le spectateur est immédiatement plongé dans une atmosphère campagnarde conforme à ce que l'imaginaire conçoit lorsqu'on évoque l'Irlande. Le temps est gris, les prairies sont d'un vert presque artificiel, les pubs sont remplis de buveurs invétérés, et la musique concurrence la Guiness dans les flots déversés lors d'interminables soirées. Dans cet écrin très typé et spécifique, se dresse un trio qui n'est pas moins singulier. Gilbert est un grand naïf qui a de solides principes sur la manière d'entrer en contact avec les personnalités locales, et n'a pour but que de raconter une histoire. Emmy est une jeunette spontanée, volontaire, désireuse de prendre sa part dans cette enquête a priori improbable. Quant à Dove, chaussée de lunettes noires, guindée, pète-sec, désinvolte, voire agressive, sorte de clone du Phil Connors d'«un jour sans fin», elle enrage d'être contrainte de s'embourber dans ce trou du cul du monde jusqu'à ce que...

 En effet, sous ses dehors de comédie grinçante et superficielle, le récit s'oriente bientôt vers une sombre affaire criminelle, avec ses révélations captivantes, mais aussi ses dangers bien réels. À travers une multitude de surprises, de rebondissements, toutes et tous riches d'inventivité et d'originalité, le récit offre une progression des plus convaincantes depuis la légèreté initiale jusqu'à un sérieux final quasi initiatique, jamais pesant, fait de prises de consciences individuelles et de drames intimes détourés avec autant de lucidité que de sensibilité.

 Une surprise des plus charmeuses, à la fois excitante, intelligente, rythmée, gorgée de personnages attachants, et ancrée dans une atmosphère insolite qui respire l'authenticité.
   
Bernard Sellier