Celle que vous croyez, film de Safy Nebbou, commentaire

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Celle que vous croyez,
     2019,  
 
de : Safy  Nebbou, 
 
  avec : François Civil, Juliette Binoche, Guillaume Gouix, Nicole Garcia, Charles Berling, Marie-Ange Casta,
 
Musique : Ibrahim Maalouf


 
Ne pas lire avant d'avoir vu le film

 
Claire Millaud (Juliette Binoche) a été quittée pae son mari Gilles (Charles Berling) pour une jeune femme, et, aujourd'hui, elle est larguée par son amant Ludovic (Guillaume Gouix). Pour ne pas perdre de vue ce dernier, elle se crée un faux profil Facebook et entre en contact avec l'ami de Ludo, Alex (François Civil). Celui-ci est vite envoûté... 
 
 Entièrement fondé sur la puissance des apparences, de la suggestion, et des réseaux sociaux, l'histoire commence de manière poussive et agaçante. Claire-Clara et Alex n'en finissent pas de s'envoyer des messages sur Internet. La psy que consulte la malheureuse délaissée n'est pas des plus crédibles, et certaines scènes (l'orgasme solo dans la voiture par exemple) sont à la limite du ridicule, même si Juliette Binoche, toujours aussi impériale et hypersensible, incarne son personnage avec la plus grande crédibilité. De plus, le spectateur peut éprouver quelques difficultés à entrer dans la fascination supposée d'Alex. Autant avouer que, dans cette première partie, il n'y a pas grand chose qui sonne juste. Sans compter que ( c'est bien sûr la subjectivité personnelle qui parle ) Juliette Binoche possède infiniment plus de charme que la jeune Katia... 
 
 Mais, comme c'est le cas pour certains crus, le film se bonifie sur la durée. Grâce à d'intelligents et subtils aménagements psychologiques et narratifs, le tableau des relations entre cette femme qui refuse pathologiquement d'afficher son être profond, et sa cible enchaînée par les illusions, évolue de manière intrigante et riche. C'est au final une analyse aiguë et pertinente de divers malaises intérieurs qui se dessine, tout en jouant sur les perceptions et les croyances du spectateur. Dans sa peur de voir approcher l'âge mûr et de sentir l'abandon qui guette, Claire se montre infiniment touchante. Elle aurait besoin, effectivement, d'une solide thérapie, ce qui semble peu envisageable venant de Catherine Bormans. Et ce n'est pas le plan final, particulièrement évocateur, qui rassure le spectateur sur la guérison des pathologies de Claire. C'est dans l'aspect dérangeant de la relation amoureuse, ainsi que dans un jeu des illusions qui n'est pas sans rappeler "N'oublie jamais", que réside l'intérêt majeur de cette œuvre à la fois fascinante et irritante. 
   
Bernard Sellier