Le Cercle rouge, film de Jean-Pierre Melville, commentaire

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Le cercle rouge,
      1970, 
 
de : Jean-Pierre  Melville, 
 
  avec : Bourvil, Yves Montand, Alain Delon, Gian Maria Volonte, François Périer, Paul Crauchet, Paul Amiot, René Berthier,
 
Musique : Eric Demarsan

   
 
Le Commissaire Mattei (André Bourvil) convoie un prisonnier, Vogel (Gian Maria Volonte), par le train de nuit de Marseille à Paris. Mais le détenu réussit à s'échapper en pleine campagne. Pendant ce temps, Corey (Alain Delon), est libéré après cinq ans d'incarcération. Il achète une voiture et gagne la capitale. Pendant qu'il déjeune sur une aire de repos, Vogel se glisse dans le coffre, à l'insu de son propriétaire. Du moins le croit-il. En fait, Corey l'a parfaitement vu. Il l'aide à franchir les barrages, et les deux hommes arrivent sans encombre dans la capitale, non sans avoir tué deux hommes dont la mission était d'éxécuter Corey...  
 
 Trente sept ans après sa sortie, le film demeure un modèle du polar ascétique. Tant au niveau du contenu événementiel qu'au niveau de l'introspection psychologique. Bien que le sujet soit totalement différent, on a très souvent l'impression de se retrouver dans la forme narrative de "L'Armée des Ombres", tourné un an plus tôt. Le jeune spectateur, habitué en 2007 à visionner des aventures gorgées d'actions, ne peut qu'être interloqué par une histoire de ce style. Malgré sa longueur (presque 2h20), inhabituelle, les péripéties sont fort peu nombreuses. Qui plus est, le parcours des protagonistes, tout comme leurs personnalités, nous sont totalement inconnus. Corey a été condamné sans que l'on en sache la cause. François Mattei est un flic obstiné, dont la vie personnelle se résume à la compagnie d'un trio de chats, très élégants, il est vrai. Jensen (Yves Montand), est un ancien flic, devenu alcoolique pour une raison énigmatique. Quant à Vogel, on ne sait même pas ce dont il est accusé ! Difficile de faire plus minimaliste !

 Et pourtant, miracle de la réalisation, malgré cette austérité, malgré la lenteur du récit, ces quatre individualités transparentes vivent intensément à l'écran ! Tout en étant des êtres de chair et d'esprit, ils sont également, surtout, peut-être, des archétypes. Des exemplaires, prélevés "au hasard" dans la fourmilière humaine, destinés à illustrer le texte bouddhique qui est placé en exergue du film. En résumé : l'humain ne peut échapper à son "karma", c'est-à-dire à la conséquence des actes qu'il pose à chaque seconde dans sa vie. Toute la chronologie des événements, apparemment fortuits, qui parsèment le drame, ne sont pas des "hasards" sans intention, mais des coïncidences signifiantes, dont la matérialisation dans le monde physique crée inéluctablement une "figure" emplie de sens. Ceux qui ont lu les ouvrages de James Redfield ("La Prophétie des Andes" et "La dixième Prophétie"), seront en terrain connu...
   
Bernard Sellier