La Chambre des Morts, film de Alfred Lot, commentaire

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La chambre des morts,
     2007, 
 
de : Alfred  Lot, 
 
  avec : Mélanie Laurent, Eric Caravaca, Gilles Lellouche, Jonathan Zaccaï, Laurence Côte, Jean-François Stevenin, Nathalie Richard,
 
Musique : Nathaniel Mechaly

  
 
Deux informaticiens récemment licenciés, Sylvain (Gilles Lellouche) et Vigo (Jonathan Zaccaï), renversent une nuit un inconnu avec leur voiture. L'homme est tué sur le coup. Moment d'affolement bien compréhensible, d'autant plus que Sylvain, le conducteur, ivre et désespéré, conduisait à 180 dans une zone limitée à 50. Lorsque les deux collègues découvrent que le mort avait une mallette remplie de billets, ils conservent le fric et font disparaître le corps. Quelques heures après, la police retrouve, tout près du lieu de l'accident, le cadavre d'une fillette, qui avait été enlevée et pour la libération de laquelle le ravisseur avait demandé une rançon. Lucie Hennebelle (Mélanie Laurent), policier et mère de deux jumelles, semble particulièrement affectée par le drame... 
 
 Pour son premier film, Alfred Lot a choisi un scénario multi-thèmes, à savoir un mélange de policier, de social, de drame psychologique, de thriller, d'horreur. Cela fait évidemment beaucoup et le résultat global est mitigé. Le commencement ne se place pas sous des augures très favorables. La réalisation est basique, ignore l'ellipse ou la suggestion qui seraient susceptibles de nourrir le mystère, et aligne des séquences très écrites, à la limite de l'artificiel, qui font plus d'une fois penser à un téléfilm moyen. Les réunions entres flics, les situations convenues, les dialogues poussifs, tout cela sonne relativement toc. Ensuite, l'histoire s'enfonce dans le glauque, le sordide, avec l'installation d'une atmosphère originale, mais moyennement convaincante. On sent le désir des auteurs de faire vrai, de fortifier l'inquiétant, de descendre dans le mystique pathologique, mais cette combinaison ne fonctionne jamais vraiment à plein régime, comme si les éléments disparates avaient du mal à créer un amalgame authentique et riche. Le film se place dans le cas typique où l'intensité de l'ensemble est péniblement égal, voire inférieur à la somme de ses constituants. La composition se veut tellement démonstrative et appuyée que l'on a bien du mal à y adhérer, même ponctuellement. Heureusement que Mélanie Laurent habite l'oeuvre avec un magnétisme et une aura qui ne se démentent pas une seconde. Elle permet au spectateur de focaliser son attention sur sa personnalité fascinante, sur le mystère qui accompagne sa vie, et d'oublier ainsi les aspects hétéroclites du drame. De pardonner aussi le pompage assez gênant d'une scène majeure du "Silence des agneaux", infiniment plus percutant et maîtrisé que cette "Chambre des morts" un tantinet laborieuse.
   
Bernard Sellier