Chanson douce, film de Lucie Borleteau, commentaire

  Bienvenue sur le site d'un manipulateur de mots, passionné d'écriture, de cinéma, de musique, d'ésotérisme...     

Chanson douce,
     2019, 
 
de : Lucie  Borleteau, 
 
  avec : Karin Viard, Leïla Bekhti, Antoine Reinartz, Rehab Mehal, Claire Dumas,
 
Musique : Pierre Desprats


 
Paul (Antoine Reinartz) et Myriam (Leïla Bekhti) ont deux enfants en bas âge, Mila et Adam. La jeune femme désire reprendre un travail, mais cela impose de trouver la nounou adéquate. Après plusieurs tentatives infructueuses de découvrir la perle rare, celle-ci arrive en la personne de Louise (Karin Viard). Mais est-ce bien la réalité ?... 
 
 Les cinquantenaires n'auront sans doute pas oublié l'assez flippant "La main sur le berceau", sorti en 1992. Il paraît que c'est Maïwenn qui avait d'abord été pressentie pour réaliser ce film. Certes, le commencement de l'histoire n'a rien de très original : souhaits de Myriam et défilé des candidates souvent plus qu'improbables. Mais il aurait tout de même été possible et souhaitable de rendre cette partie moins banale. Avec l'arrivée de Louise, les choses sérieuses débutent. Ou tout au moins devraient débuter. En fait, le récit louvoie en permanence entre deux registres, semblant avoir du mal à choisir lequel privilégier. D'une part une femme, sorte de super Nanny, qui semble avoir un don inné pour comprendre les enfants et leur apporter la chaleur dont ils ont besoin. D'autre part une femme manifestement brisée intérieurement, qui est incapable, par moments, de masquer une souffrance éruptive qui ne demande qu'à jaillir. 
 
 Le scénario joue assez habilement de ces deux personnalités et se plaît à multiplier les fausses alertes, les fausses pistes intrigantes, jusqu'au coup de théâtre final. Karin Viard, tour à tour débordante d'excitation ou murée dans un mutisme inquiétant, est l'actrice idéale pour cette sorte de grand écart entre les pôles d'une schizophrénie souterraine. Mais l'enthousiasme demeure tout de même tempéré. Même si le dénouement affiche une logique qui n'est pas prise en défaut, certains raccords narratifs paraissent incohérents psychologiquement et le dernier plan sur Paul laisse plus que perplexe. Est-ce dû au fait que le film a été vu en trois fois, toujours est-il que sa durée - pourtant normale 1h40 - m'a paru parfois interminable...
   
Bernard Sellier