Cinquante nuances de Grey, film de Sam Taylor Johnson, commentaire

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Cinquante nuances de Grey,
      (Fifty shades of Grey),     2015, 
 
de : Sam  Taylor-Johnson, 
 
  avec : CJamie Dornan, Dakota Johnson, Jennifer Ehle, Luke Grimes, Rita Ora, Victor Rasuk, Marcia Gay Harden,
 
Musique : Danny Elfman

   
 
Anastasia Steele (Dakota Johnson) est une jeune étudiante. A l'occasion d'une interview du richissime Christian Grey (Jamie Dornan), elle tombe sous le charme du beau gosse qui, de son côté, n'est pas insensible au charisme de la jeune fille. Mais le milliardaire a des conceptions de l'amour un peu particulières... 
 
 Je n'ai jamais lu les romans de E. L. James, et je ne pense pas que je m'y plongerai un jour. Malgré cette ignorance, il serait difficile d'être surpris que la romancière ait été plus que mécontente de la transcription filmique de ses fantasmes. On peut tout au moins espérer que le contenu des ouvrages est un peu moins insipide que cette bluette à la limite du ridicule, car, dans le cas contraire, le succès planétaire des romans prendrait l'apparence d'un mystère plus épais que celui du Loch Ness. Durant les 80 premières minutes, sirupeuses et glamour à souhait, l'impression ressentie et le concept utilisé sont à l'exacte image de ceux qui accompagnaient en son temps "Le projet Blair Witch". A savoir : attendez ! Vous allez voir ce que vous allez voir ! Préparez-vous ! Salivez ! Vous n'allez pas en revenir ! Sauf qu'au bout du compte, il n'y a strictement rien à se mettre sous les yeux ou sous les dents. Sauf pour le spectateur qui considère que quelques flagellations fessières constituent l'apothéose de la sexualité transgressive... 
 
 Sans exagérer, et compte tenu de l'évolution des moeurs, on pourrait dire que cette illustration de la relation pathologique dominant-dominé est une adaptation des délires du Marquis de Sade appropriée aux ados prépubères. Sans compter que l'édulcoration outrée qui enrobe la relation des deux amants ne manque pas de générer souvent une hilarité plus qu'incongrue (les différentes clauses du contrat). Dakota Johnson parvient à délivrer quelques expressions sensibles et ambiguës, ce qui n'est pas le cas de Jamie Dornan, sans doute agréable à regarder pour les dames, mais parfaitement insipide de bout en bout. Et, comble de tout, ce qui se voudrait une oeuvre érotico-sulfureuse, n'est en fait qu'un soufflé glacé, aussi esthétiquement léché qu'ennuyeux et improbable. Vivent les sublimes extases du Tantra, dont, manifestement, Christian Grey n'a jamais entendu parler, car, ici, nous sommes dans le degré zéro de l'érotisme amoureux...
   
Bernard Sellier