Le cœur des hommes, film de Marc Esposito, commentaire

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Le cœur des hommes,
     1977, 
 
de : Marc  Esposito, 
 
  avec : Jean-Pierre Darroussin, Gérard Darmon, Bernard Campan, Marc Lavoine, Fabienne Babe, Catherine Wilkening,
 
Musique : Béatrice Thiriet


 
Quelques mois de la vie sentimentale et professionnelle plus ou moins agitées de quatre copains : Antoine (Bernard Campan) marié à Lili (Fabienne Babe) ; Jeff (Gérard Darmon), séparé de Françoise (Ludmila Mikael) ; Manu (Jean-Pierre Darroussin), qui rencontre un jour fortuitement ce qui sera peut-être le grand amour en la personne de Juliette (Florence Thomassin) ; et Alex (Marc Lavoine), marié à la jalouse Nanou (Catherine Wilkening)... 
 
 Marc Esposito, journaliste à l'origine de "Studio" et de "Première", paraît-il, est allergique aux films "intellos". Connaissant cette prémisse, le spectateur peut s'attendre à une oeuvre estampillée "bonne qualité française" classique, et, de fait, il ne sera ni surpris par une originalité dérangeante ni bousculé dans ses racines andro-psychologiques. Ces quatre figures couvrent de manière souvent attachante et sympathique, mais sans grand mystère, la gamme des comportements masculins que l'on peut rencontrer, chaque jour, dans notre famille ou dans le cadre du boulot. Le dragueur impénitent et lâche, (Alex), qui n'hésite pas à jurer, les yeux dans les yeux, à sa femme, qu'il ne l'a jamais trompée, alors qu'ils sort des bras de l'une de ses maîtresses. Il faut dire que, fort prévoyant, il possède dans son bureau un petit meuble où des chemises propres attendent la fin de ses ébats extra-conjugaux. On est rusé, ou on ne l'est pas ! Antoine, le "cocu", sensible et meurtri, dont le ressort amoureux s'est cassé. Manu, le charcutier, auquel le ciel compatissant envoie une sirène envoûtante (délicieuse Florence Thomassin, qui apporte un piment bienvenu à l'ensemble de la distribution). Et Jeff, ancien meurtri du coeur, lui aussi, qui cherche dans une jeunesse, Elsa (Zoé Felix), la fraicheur du renouveau vital et la paternité que sa femme lui a jadis refusée.  
 
 Pas de grandes surprises dans cette mosaïque traditionnelle gentiment dialoguée, jouée avec talent par des acteurs rompus à ce genre comico-psychologique primaire, et filmée classiquement. Ce type de réalisation est un peu à l'image d'une glace : délicieuse dans l'instant, goûteuse, mais éphémère. Les bons mots, la connivence des copains, la résonance que toutes ces aventures éveillent en chacun de nous, masquent le temps de la vision le manque de profondeur des analyses et la superficialité voulue des caractérisations. Mais, lorsque le générique de fin se déroule, il ne reste pas beaucoup d'éléments qui s'impriment dans la mémoire. Et puis manque également la patte grinçante, le grain de folie qui faisait du dyptique "Un éléphant ça trompe énormément" et "Nous irons tous au paradis" une réussite inoubliable.
   
Bernard Sellier