Colonia, film de Florian Gallenberger, commentaire

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Colonia,
      2015, 
 
de : Florian  Gallenberger, 
 
  avec : Emma Watson, Daniel Brühl, Michael Nyqvist, Richenda Carey, Jeanne Werner, August Zirner, Vicky Krieps,
 
Musique : André Dziezuk, Fernando Velazquez

   
 
1973. Au Chili, les derniers jours au pouvoir de Salvador Allende sont comptés. Daniel (Daniel Brühl), un jeune ressortissant allemand, imprime des tracts en faveur d'Allende. Il retrouve sa compagne, Lena (Emma Watson), hôtesse de l'air. Mais quelques heures plus tard, un coup d'état installe au pouvoir le Général Pinochet. Daniel est arrêté et déporté. Ayant appris qu'il est incarcéré dans un centre isolé, surnommé la 'Colognie de la dignité', elle s'y fait engager... 
 
 Cette histoire sombrissime, inspirée de faits réels, aborde deux thèmes majeurs. D'une part le contexte politique de l'époque, et d'autre part une plongée horrifique dans l'enfer d'une secte dirigée d'une poigne de fer par le 'Saint Père' Paul Schäfer (Michael Nyqvist). Dans les faits, la première composante n'intervient que durant les dix premières minutes du film. Et se montre d'ailleurs plus anecdotique que réellement informative ou convaincante. Elle laisse ensuite la place à un récit purement dramatique et intimiste, très efficace celui-là, dans lequel un aliéné sadique exerce ses exactions en toute impunité, asservissant un troupeau d'adeptes hypnotisés par son charisme, et profitant de ses protections haut placées pour ajouter à ses activités de tortionnaire un trafic d'armes lucratif. 
 
 Si Emma Watson, d'une dignité et d'un courage exceptionnels sur le papier, semble un tantinet fade dans la réalité, en revanche Michael Nyqvist campe un gourou abject et manipulateur plus inquiétant encore que le Joe Carroll incarné par James Purefoy dans la série "The following". Les séquences d'extirpation du démon donnent froid dans le dos et le dénouement, pourtant exempt de tout spectaculaire, ne manque ni d'intensité ni de suspense. 
 
 Même si l'aspect politique et dénonciateur des dictatures est précocement estompé, le film n'en demeure pas moins, malgré son classicisme et sa linéarité primaire, captivant, éprouvant, et utile.
   
Bernard Sellier