Contre toute attente, film de Taylor Hackford, commentaire

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Contre toute attente,
     (Against all odds),    1984, 
 
de : Taylor  Hackford, 
 
  avec : Jeff Bridges, Rachel Ward, James Woods, Alex Karras, Jane Greer, Richard Widmark, Saul Rubinek,
 
Musique : Michel Colombier, Phil Collins

 
 
Terry Brogan (Jeff Bridges) est un joueur chevronné de l'équipe de football américain des "Outlaws". Malheureusement une blessure à l'épaule le fait renvoyer par les dirigeants, sous la coupe du richissime Ben Caxton (Richard Widmark). L'épouse de ce dernier, Mrs Wyler (Jane Greer) souhaite faire bâtir un luxueux lotissement dans un canyon protégé par les écologistes, et ferme les yeux sur les magouilles de son mari auprès des représentants de l'urbanisme. Brogan, à court d'argent, accepte la mission que lui propose son "ami" Jake Wise (James Woods) : retrouver sa compagne, Jessie (Rachel Ward), qui s'est enfuie avec 50 000 dollars. Or Jessie n'a pas fui seulement son amant, mais surtout sa mère, qui n'est autre que Mrs. Wyler... 
 
 Il y a un petit nombre de films, pourtant bien éloignés des chefs-d'oeuvre du septième art, dont certains passages s'imprègnent de façon indélébile dans la mémoire. Par la grâce d'un visage, d'une scène, d'une phrase qui résonnent harmonieusement avec un infime récepteur intérieur. C'est, pour moi, le cas de ce film. Il n'est certes pas à marquer d'une pierre blanche. L'intrigue est passablement distendue, parfois confuse, perdant quelque peu son âme en route, et, malgré la composition convaincante de Jeff Bridges, on peut éprouver une certaine difficulté à s'intéresser aux déboires de Terry et de son entourage de maître chanteurs. À partir du moment où il part à la recherche de Jessie, l'espoir naît : nous allons entrer dans une folle passion qui rappellera à nos souvenirs émus celle qui brûlait entre la délicieuse Debra Winger et Richard Gere, deux ans auparavant, dans "Officier et gentleman". Et, de fait, le rêve devient réalité. Les îles mexicaines, Chichen Itza... Le romantisme brille de tous ses feux. Puis, patatras, nous repartons pour Los Angeles, ses coups tordus et ses inextricables ramifications de trafics en tous genres. James Woods compose toujours des personnifications marquantes, Richard Widmark conserve beaucoup de charme, malgré les ans, mais l'intérêt se dilue fortement, d'autant plus que la personnalité de Jessie, un instant marquée par une prise de conscience libératrice, retombe dans un effacement dommageable. 
 
 Alors, pourquoi avoir été tellement marqué par cette réalisation de qualité très moyenne ? Par la grâce des cinq dernières minutes : cette scène inoubliable où la caméra fixe le sublime visage de Rachel Ward, sur lequel se confondent, alternent, se combattent deux composantes extrêmes de vie : la détresse la plus profonde et la beauté la plus transcendante. Un instant d'union avec la quintessence de la création...
   
Bernard Sellier