Couvre-Feu, film de Edward Zwick, commentaire

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Couvre-feu,
     (The siege),       1998, 
 
de : Edward  Zwick, 
 
  avec : Denzel Washington, Annette Bening, Bruce Willis, Tony Shalhoub, Sami Bouajila, David Proval,
 
Musique : Graeme Revell

 
 
Le Sheik Achmed Bin Talal (Ahmed Ben Larby), considéré par les Etats-Unis comme instigateur d'actions terroristes meurtrières, est capturé. Un peu après son enlèvement, un engin explosif est découvert dans un bus, mais, en réalité, il ne s'agit que d'une bombe de peinture ! Anthony 'Hub' Hubbard (Denzel Washington), agent du FBI, mène cependant l'enquête et trouve sur sa route une jeune femme de la CIA, Elise Kraft (Annette Bening), qui semble fort bien connaître le milieu arabe. Lorsqu'un second bus est pris en otage, les événements commencent à se précipiter... 
 
 Avant même de considérer le film en lui-même, c'est la troublante vision prémonitoire, trois ans avant le drame du 11 Septembre, d'un New-York placé en état de choc après de multiples actions terroristes, qui marque profondément le spectateur. Pour ce qui est de l'oeuvre, elle laisse une impression mitigée. Le réalisateur a voulu concentrer dans la durée d'un film d'innombrables thèmes : l'enquête pure, les rivalités inter-services, la dérive fanatique de groupuscules infiltrés, les actions criminelles du gouvernement à l'étranger, les débordements de la mise sous loi martiale, en intégrant également diverses réflexions sur l'utilisation de la torture, le pouvoir de l'armée face aux institutions... Tout cela fait évidemment beaucoup. Si Edward Zwick parvient à conserver un relatif équilibre entre toutes ces composantes, à donner une apparence réaliste aux situations, en juxtaposant reportages télévisés et images en direct, il ne peut éviter une stylisation certaine qui, parfois, prend des allures de schématisation réductrice.  
 
 Malgré cela, grâce à l'introduction de personnalités fortes, tantôt excessives (le Major General William Devereaux (Bruce Willis), tantôt mystérieuses (Elise), tantôt incarnatrices d'un humanisme patriotique pur et dur (Anthony), tantôt écartelées entre origine et intégration (Frank Haddad (Tony Shalhoub)), tantôt ambiguës (Samir Nazhde (Sami Bouajila)), le drame ne sombre pas dans le manichéisme primaire. Sur le plan purement événementiel et spectaculaire, nous sommes loin de la réussite de la série "24 heures". Sur le plan idéologique, les considérations demeurent superficielles. Mais l'oeuvre n'en reste pas moins assez captivante et tragiquement d'actualité.
   
Bernard Sellier