Bienvenue sur le site d'un manipulateur de mots, passionné d'écriture, de cinéma, de musique, d'ésotérisme...     

The creator,
     2023, 
 
de : Gareth  Edwards, 
 
  avec : John David Washington, Madeleine Yuna Voyles, Gemma Chan, Ken Watanabe, Allison Janney,
 
Musique : Hans Zimmer

 Ne pas lire avant d'avoir vu le film...

 
Au milieu du vingt-et-unième siècle, les robots dotés d'apparence humaine et dopés à l'I.A. cohabitent avec les humains. Mais une attaque nucléaire pulvérise Los Angeles. Les robots sont accusés de l'attaque et ils sont pourchassés à travers le monde grâce à une base nomade aérienne surpuissante. Dix ans plus tard, le sergent Joshua Taylor (John David Washington), vit avec Maya (Gemma Chan) qui attend un enfant. Son but est en fait d'infiltrer les «simulants» afin de découvrir la retraite de Nirmata, qui est supposé être sur le point de créer une arme capable de détruire la base nomade...
 
 L'ouverture de cette aventure, assez traditionnelle, ne laisse en rien présager l'étonnante réussite globale de cette dystopie survitaminée. Car si, dans un premier temps, on se contente de ne regarder que l'aspect guerrier du récit, avec ses invraisemblances à la pelle et ses affrontements improbables, le pire est d'autant plus à craindre que la construction scénaristique n'est en rien novatrice. Un bon petit soldat, amputé d'un bras et d'une jambe, désespéré suite à la mort de sa bien aimée, est chargé de découvrir le génie censé vouloir détruire le reste de la civilisation humaine. Cette mission n'est évidemment qu'une fable, ce qu'il ne va pas tarder à comprendre. Les méchants ne sont pas ceux que l'on croyait, ce qui est la base obligée d'une majorité de scénarios d'espionnage ou de thrillers. Jusque là, il semble que cette épopée ne soit qu'une énième création bruyante et mouvementée.

 Mais les surprises ne tardent pas à faire évoluer notre perception de l'œuvre. Tout d'abord ce sont les décors spectaculaires qui impressionnent de manière plus que favorable. Mais le principal atout réside dans le rôle majeur joué par la petite Alphie (Madeleine Yuna Voyles), robot au visage étonnamment expressif, dont la sensibilité n'est pas sans rappeler celle du fragile David de «A.I.». Le plus surprenant, c'est que le réalisateur-scénariste est parvenu à ne jamais tomber dans la mièvrerie tout en donnant à cette relation adulte-enfant une épaisseur inattendue et une profondeur émotionnelle convaincante. Ne jamais tomber dans le ridicule en développant une histoire aussi abracadabrante est un exploit à marquer d'une pierre blanche.

 Seul point discutable : l'approche qui est faite ici d'un sujet particulièrement d'actualité, dans une période où les progrès de l'Intelligence Artificielle sont impressionnants. Il est clair que le film se veut une apologie de l'A.I. Le message est clair : les humains sont les méchants et les robots sont les gentils. Il y a là un désir manifeste de faire accepter aux populations les prétendus bienfaits de cette innovation en voie de bouleverser l'existence de l'humanité. La réalité est évidemment beaucoup moins simpliste que certains veulent nous le faire croire. Comme toutes nos créations, celles qui approchent seront bénéfiques dans certains domaines (la chirurgie, par exemple), mais beaucoup d'autres risquent d'être infiniment moins positives pour notre avenir. 
   
Bernard Sellier