Le crime était presque parfait, film de Alfred Hitchcock, commentaire

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Le crime était presque parfait,
     (Dial M for murder),     1954, 
 
de : Alfred  Hitchcock, 
 
  avec : Grace Kelly, Ray Milland, Robert Cummings, John Williams, Anthony Dawson,  
 
Musique : Dimitri Tiomkin

 
 
Margot Mary Wendice (Grace Kelly), mariée à l'ex champion de tennis Tony Wendice (Ray Milland), est amoureuse en secret de l'écrivain Mark Halliday (Robert Cummings). Celui-ci, absent depuis un an, est de retour à Londres. Une soirée est prévue au théâtre pour tous trois, mais, au dernier moment, Tony se trouve une excuse pour ne pas y aller. Il donne rendez-vous au capitaine Lesgate (Anthony Dawson) pour l'achat d'une voiture. En fait, l'offre de Tony est bien différente. Le projet est de supprimer Margot au moyen d'un crime parfait. Lesgate n'a guère le choix de refuser, puisque sa vie n'est qu'un tissu d'escroqueries en tous genres. Le lendemain soir est la date prévue pour l'exécution.  
 
 Autant le mystère qui nimbait "Rebecca" trouvait sa source dans l'intimité profonde des personnages, autant celui qui se développe ici tourne autour d'infimes détails matériels, d'objets plus que banaux, un imperméable, une paire de bas, et, bien sûr, la célèbre petite clé ! Certes, l'intrigue est archi connue, mais, même si le film, dont le suspense repose sur des éléments quasiment tous livrés au spectateur dès l'ouverture, a été vu dix fois, il conserve son charme et garde intacte l'intensité émotionnelle du dénouement. C'est l'une des qualités primordiales de cette œuvre, que l'on pourrait considérer comme une ancêtre prophétique de "Columbo". Un criminel expert en duplicité, dont on sait, dès le commencement, qu'il est le coupable. Une femme, fragile, blonde, jouée par la lumineuse Grace Kelly, archétype de l'héroïne hitchcockienne. Un policier finaud qui cache sa subtilité derrière une bonhomie parfois sévère. A partir de ce microcosme simple, le réalisateur tricote, avec force dialogues et unité de lieu absolue, un ensemble d'une sobriété qui n'a d'égale que l'efficacité, et dont le principal qualificatif approprié pourrait être : élégance. Certains angles de vue semblent surprenants, mais, le film ayant été tourné en relief (on se demande bien pourquoi, d'ailleurs, étant donné que l'on voit mal ce que pourrait apporter cette technique passionnante à un thème psychologique et à un décor aussi intimiste !), il est fort probable qu'ils ont été adaptés à ce procédé.  
 
 Même pour un non fanatique du "maître du suspense", il est impossible de ne pas saluer la maîtrise exceptionnelle de la narration qui n'oppresse jamais la personnalité des protagonistes. C'est en voyant, parallèlement, le remake tourné en 1998 par Andrew Davis, avec les excellents Michael Douglas et Gwyneth Paltrow, que l'on peut mesurer à quel point Hitchcock avait l'art de conjuguer simplicité, tension et malaise.
   
Bernard Sellier