Crimson peak, film de Guillermo del Toro, commentaire

  Bienvenue sur le site d'un manipulateur de mots, passionné d'écriture, de cinéma, de musique, d'ésotérisme...     

Crimson peak,
       2015, 
 
de : Guillermo  del Toro, 
 
  avec : Mia Wasikowska, Jessica Chastain, Tom Hiddleston, Charlie Hunnam, Jim Beaver, Leslie Hope,
 
Musique : Fernando Velazquez


 
Ne pas lire avant d'avoir vu le film...

 
Edith Cushing (Mia Wasikowska), fille d'un riche entrepreneur américain, est passionnée par l'écriture. Elle tombe amoureuse d'un jeune baronnet anglais, Thomas Sharpe (Tom Hiddleston), ce qui déplaît fort à son père. Mais, une foix celui-ci assassiné, la jeune fille épouse l'aristocrate et part en sa compagnie dans le Cumberland, où la famille Sharpe possède un vieux manoir en ruine... 
 
 Une histoire de fantômes particulièrement agressifs, qui se greffe sur un drame sentimental qui n'est pas sans rappeler, en sens inverse, le sublime "Rebecca" d'Alfred Hitchcock. Ce qui frappe le plus dans cette oeuvre, c'est le soin apporté aux décors et aux images. Une photographie superbe nous offre des variantes enchanteresses entre des bleux profonds et des ocres rouges argileux particulièrement somptueux. L'atmosphère du manoir est à ce point de vue une réussite esthétique de premier ordre. Mais il y a tout de même aussi l'histoire. Accompagnée, comme il se doit dans les récits de fantômes, d'une kyrielle de codes qui ne sont pas toujours des modèles de vraisemblance. N'importe quelle personne, dotée d'une paire de neurones en état de fonctionnement, ne demeurerait pas une seconde dans un lieu comme celui où elle atterrit. Mais non seulement la charmante Edith s'y installe, mais encore elle va bien sûr, telle une épouse de Barbe bleue, visiter les endroits qui lui sont interdits. Tout cela ne construit pas vraiment un drame crédible, même si les fantômes vengeurs voient leurs ectoplasmes progressivement réduits à de simples victimes d'un couple incestueux de tueurs en série. Si le personnage, ravissant, mais passablement nunuche d'Edith, ne laisse pas un souvenir impérissable, en revanche ceux de Thomas et de Lucille (Jessica Chastain), dévorés par une passion incontrôlable, marquent profondément le spectateur. Dommage que les péripéties, très classiques, voire prévisibles, sapent en grande partie la réussite exceptionnelle de la reconstitution d'époque (fin du dix-neuvième siècle) et les charmes indiscutables de décors aussi inquiétants qu'envoûteurs.
   
Bernard Sellier