Cure, (Kyua), film de Kiyoshi Kurosawa, commentaire

  Bienvenue sur le site d'un manipulateur de mots, passionné d'écriture, de cinéma, de musique, d'ésotérisme...     

Cure,
      (Kyua),    1997, 
 
de : Kiyoshi  Kurosawa, 
 
  avec : Koji Yakusho, Masato Hagiwara, Tsuyoshi Ujiki, Anna Nakagawa,
 
Musique : Gary Ashiya


 
Une prostituée a été assassinée. Cela ne serait qu'un événement hélas courant si un X n'avait été tracé au couteau au niveau de sa gorge et, surtout, si d'autres meurtres semblables ne suivaient. Un jeune instituteur, Toru Hanaoka (Masahiro Toda) rencontre sur une plage déserte un étrange personnage amnésique, le ramène chez lui. Le lendemain, Toru a tué son épouse qu'il aimait de la même étrange manière. Arrêté, il semble dans un état second. L'inspecteur Takabe (Koji Yakusho), secondé par le psychiatre Makoto Sakuma (Tsuyoshi Ujiki), mène l'enquête et commence à penser que l'hypnose pourrait être une cause possible... 
 
 Quelle surprise ! Tout commence comme dans un bon polar classique avec un assassinat vaguement original, l'arrivée de la police, les premières investigations. Rien qui ne sorte d'un ordinaire que Hollywood nous a fait connaître par cœur, du meilleur, comme "Seven", jusqu'aux râclures voyeuristes sans le moindre intérêt. Mais nous n'avons encore là que l'infime émergence d'un iceberg qui progressivement va engloutir le spectateur dans son mur de mystère et de glace.  
 
 Toute la réussite de cette oeuvre étrangement calme, réside dans la fascination quasi hypnotique que cet étrange criminel exerce tout aussi bien sur ceux qui l'interrogent que sur ceux qui visionnent le film. Accompagnées d'un travail remarquable sur l'alternance du silence, des bruits, de sons quelquefois difficilement identifiables, cette spirale infernale, cette descente dans l'inconscient manipulateur et la magie noire sont au sens propre du terme, envoûtantes. Les décors misérables, cafardeux, souvent déserts à l'image des personnalités vides qui agissent en zombies téléguidés par une force infernale, sont glauques, à dominante sombre, bleuâtre, grisâtre. Pratiquement aucune de ces explosions de violence, qui sont la marque des réalisations occidentales.  
 
 Ici, tout le drame est un concentré de véhémence, de fureur intérieures, un jeu d'illusions et de suggestions morbides. Le criminel et les représentants de l'ordre forment un étrange ballet d'échanges énergétiques, de pantins manipulés par les éléments symboliques (le feu, l'eau), qui débouche sur un final d'autant plus inquiétant qu'il est ambigu. Et il ne peut qu'en être ainsi puisque, en fait, il n'y a pas véritablement d'assassin, mais la manifestation invisible d'une force qui dépasse l'homme. La fracture classique entre le yin et le yang, le "bien" et le "mal", vaguement présente dans la toute première partie de l'enquête, s'estompe finalement pour ne plus faire évoluer que des êtres fragiles, des sortes de fantômes hagards et mécaniques, fracturés psychologiquement, guettés par la folie, qui ne reconnaissent plus la couleur de leur âme.  
 
 Une réussite majeure dans ce domaine tellement visité du thriller pathologique et qui marque durablement l'esprit du spectateur.  
 
 Pour ceux qui seraient intéressés, une analyse intéressante et complète du film à l'URL suivante : 
 
 objectif-cinema.com/analyses
   
Bernard Sellier