Le début du vingtième siècle. Une jeune femme atteinte d'hystérie, Sabina Spielrein (Keira Knightley), est prise en charge thérapeutique par le jeune Carl Gustav Jung (Michael Fassbaender). Les contacts que celui-ci amorce avec le tout puissant Sigmund Freud (Viggo Mortensen), ne tardent pas à faire apparaître des divergences conceptuelles qui ne feront que s'accroître au fil des ans...
Il est difficile de croire que cette oeuvre, certes intéressante et servie par d'excellents acteurs, mais compassée, tiède, limitée, soit orchestrée par l'auteur du sulfureux et abyssal "Faux-semblants". Non que les divergences idéologiques et thérapeutiques entre ces deux génies du vingtième siècle soient dépourvues de saveur. Mais l'intrigue, située à l'orée de la carrière de Jung, occulte totalement le prodige universel qui initiera la psychologie des profondeurs et le visionnaire profondément inspiré qui imprimera une marque indélébile majeure sur le vingtième siècle, à l'instar d'un Rudolf Steiner. Le spectateur a en face de lui un thérapeute lambda, assurément intelligent et intuitif, mais dominé par ses pulsions charnelles, et, somme toute, prosaïque. De David Cronenberg, nous étions en droit d'attendre une oeuvre infiniment plus riche, pénétrante et troublante que cette confrontation presque conventionnelle entre deux figures hors normes. Paradoxalement, c'est la personnalité perturbée mais exaltée et féconde de Sabina Spielrein qui imprime dans la mémoire une marque indélébile.