Le lieutenant John Dunbar (Kevin Costner), gravement blessé aux jambes, devient un héros alors qu'il était suicidaire. Il demande une affectation dans un fort reculé à la frontière de l'état. Mais lorsqu'il y parvient, il se rend compte qu'il est seul et que les quelques bâtiments sont abandonnés. Il s'installe et commence une existence solitaire, bientôt troublée par l'arrivée d'un loup, 'chaussette', ainsi que par une tribu de Sioux qui vit non loin de là...
S'il existait un palmarès pour couronner le ratio le plus faible entre nombre d'évènements majeurs et durée d'un film, il ne serait pas impossible que l'œuvre de Kevin Costner y figure en bonne place. Car, reconnaissons-le, une charge de bisons, un court combat entre Sioux et Pawnies, ainsi que l'emprisonnement de John par ses pairs puis sa libération, cela fait tout de même léger pour cent-quatre-vingt minutes. Pourtant, paradoxalement, il est difficile de trouver western plus riche humainement, plus habité, aussi bien dans les échanges difficiles qui s'installent progressivement entre l'homme blanc et les farouches Sioux, que dans les longues plages de silences et les phases de communion avec la nature. L'aventure vécue par John est une initiation, un cheminement 'qui mène à l'être véritable', et, parallèlement, un apprivoisement de la nature et de l'autre. Dans cet univers encore presque vierge, l'histoire s'installe peu à peu, grignote les espaces et les peuplades avec son implacable rouleau compresseur de la 'civilisation'. Les membres de la tribu d'Ours invincible vivent leurs dernières années de paix (relative tout de même, puisque la rivalité avec les Pawnies était parfois sanglante), avant que l'arrivée des colons ne bouleverse à jamais les bases mêmes de leur survie. La fresque de Kevin Costner repose en grande partie sur une peinture la plus authentique possible d'un petit groupe indien, auquel John s'intègrera peu à peu, non sans difficultés, mais aidé aussi bien par l'attirance vers celle qui, enfant, a été recueillie jadis par le clan, 'Dressée avec le poing' (Mary McDonnell), que par la mutuelle reconnaissance des valeurs empathiques de chacun. La dominante de cet hymne à la nature et à l'humain dans ce qu'il a de plus pur est une paix harmonieuse, ponctuellement troublée par une sauvagerie qui ne fera qu'enfler avec les années. Kevin Costner habite quasiment chaque scène de cette fresque nostalgique, sensible et digne, mais il serait injuste d'omettre le charme de Mary McDonnell et surtout le charisme toujours aussi magnétique de Graham Greene. Quant à la musique, une fois encore, cinq ans après «Out of Africa», John Barry nous offre une merveille qui sublime tous les plans qu'elle enrobe.