Darkness, film de Jaume Balagueró, commentaire

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Darkness,
     2002, 
 
de : Jaume  Balagueró, 
 
  avec : Anna Paquin, Lena Olin, Iain Glen, Giancarlo Giannini, Fele Martinez,
 
Musique : Carles Cases


 
Mark (Iain Glen) et sa femme Maria (Lena Olin), infirmière, quittent les Etats-Unis pour aller vivre dans une grande maison isolée d'Espagne, avec leurs deux enfants, Regina (Anna Paquin) et Paul (Stephan Enquist). Dès les premiers jours, d'étranges phénomènes se produisent. Mark, atteint d'une maladie rare, la chorée de Huntington, présente à nouveau des crises. Le petit Paul a des visions cauchemardesques et n'arrive pas à dormir. Regina confie ses angoisses à son ami Carlos (Fele Martinez). Seul le père de Mark, Albert Rua (Giancarlo Giannini), médecin, dans le service duquel Maria travaille, ne semble guère éprouver d'inquiétudes... 
 
 Dès le commencement, un générique sur fond d'images brisées, hachées, zébrées de bruits infernaux, on sait à peu près à quoi s'en tenir. Le parcours narratif de ce genre de film est quasiment immuable, codifié pour l'éternité : une famille paisible, enfin, apparemment paisible ; une demeure calme et sereine, enfin, apparemment calme et sereine. Puis commence la mise en bouche qui, contrairement à ce qui se passe dans un menu gastronomique, est souvent ce qu'il y a de plus goûteux dans le film. D'une durée plus ou moins longue, d'une efficacité souvent garantie, elle permet de frissonner, de sursauter, de chercher à deviner le pourquoi du comment, avant que n'éclate le bouquet final, qui, trop souvent, vient casser, par sa stupidité ou sa gratuité, toute la construction qui avait été mise en place pour son apothéose.  
 
 Dans le cas présent, cette mise en appétit est conforme à ce que l'on est en droit d'attendre, c'est-à-dire une routine rodée par des décennies de films fantastiques ou horrifiques : pluie incessante, décors sombres, orages, zébrures sanglantes, visions cahotiques (qui ne sont pas sans évoquer la référence incontournable du genre, à savoir "Shining"), électricité vacillante... Puis se dessine peu à peu l'explication de tous ces morceaux de puzzle. Reconnaissons au moins un mérite au réalisateur : il a su maintenir son histoire dans un cadre raisonnable, sinon logique, ne sombrant jamais dans le grand-guignol ou les délires psychédéliques. En revanche, il est tout aussi évident que rien dans cette oeuvre ne se révèle particulièrement original ou envoûtant. Le spectateur a l'impression, justifiée, d'avoir assisté cent fois à ce déroulement d'événements conformes à la tradition occulto-magico-satanique. C'est du bien ficelé, doté d'une ambiance assez suffocante pour tenir en apnée du début à la fin (sobre et maléfique à souhait), et fort convenablement habité par des personnages aussi ambigus qu'inquiétants. Anna Paquin, révélée dans "La leçon de piano", arborant un visage toujours aussi ingrat, tient efficacement son rôle d'adolescente traumatisée. Iain Glen et Lena Olin sont tous deux également convaincants. Dans sa globalité, l'histoire demeure tout de même terriblement convenue, aussi bien dans son traitement visuel que dans son évolution dramatique...
   
Bernard Sellier