Deep state, Saison 2, série de Matthew Parkhill, commentaire

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Deep state,
      Saison 2,     2019
  
de : Matthew  Parkhill, 
 
avec : Walton Goggins, Karima McAdams, Anastasia Griffith, Alistair Petrie, Rachel Shelley, Walton Goggins, Lyne Renée,
 
Musique : Harry Escott

 Saison 1 

 Ne pas lire avant d'avoir vu la série...

 
Max Easton (Mark Strong) est parvenu à protéger sa famille en menaçant Amanda Jones (Anastasia Griffith), co-organisatrice des manipulations visant à déclencher une guerre contre l'Iran, de dévoiler la vidéo dans laquelle son collègue George White (Alistair Petrie) l'accuse des crimes commis. Il a pris sa retraite. Huit mois ont passé. Harry (Joe Dempsie) s'est reconverti dans la surveillance à Bamako, au Mali. Il est averti un jour par Leyla (Karima McAdams), que leur ancienne interprète, Aïcha Konate (Lily Banda), qu'ils avaient recrutée deux ans auparavant, a été prise dans un attentat. Ils partent à sa recherche. Pendant ce temps, Amanda Jones et son collègue Nathan Miller (Walton Goggins) arrivent à Bamako pour tenter d'amener à leurs vues la ministre Aminata Sissoko (Zainab Jah). Mais celle-ci ne se laisse pas faire...
 
 Max s'est donc retiré et se consacre à sa vie de famille. C'est son fils Harry qui reprend le flambeau. Si la première saison était déjà fort riche en évènements, ce n'est rien en comparaison de celle-ci qui développe une intrigue aux innombrables ramifications. C'est un écheveau qui se déroule quasiment à l'infini, une toile d'araignée aux confins indiscernables, dans laquelle gravitent la CIA, les multinationales, les agences de sécurité, les trafiquants d'armes, les politiciens corrompus, les militaires, avec toujours pour uniques motivations le pouvoir et surtout l'argent. Chacun de ces maillons actifs se retrouve en situation de fusible à faire sauter lorsque les évènements l'exigent. Pour corser encore un peu plus une intrigue déjà touffue, se greffe un long flashback, situé deux ans auparavant, indispensable à la compréhension des situations présentes.

 Il est évident que cette seconde saison, plus encore que la première, joue à fond la carte des rebondissements spectaculaires, des séquences sous très haute tension et du suspense permanent. Bien davantage en tout cas que les meilleurs «Homeland», avec un résultat qui peut paraître boursouflé aux puristes. Il n'empêche que nous avons sous les yeux un véritable cours pratique en raccourci de géopolitique appliquée toxique, et c'est aussi instructif que tétanisant. La savante et vicieuse manipulation du chef des rebelles Issouf Al Moctar (Alexander Siddig), armé par l'ignoble manipulateur Nathan Miller (excellent Walton Goggins) dans le but de déstabiliser le gouvernement qui, acculé, acceptera l'envoi de troupes américaines, n'est qu'une photocopie des dizaines de coups fourrés semblables oragnisés depuis des décennies pour faire et défaire les gouvernements africains. Une description minutieuse de ces pratiques criminelles est exposée dans le livre difficile mais très complet de Naomi Klein «La stratégie du choc». L'histoire est habitée par des personnages hauts en couleurs et marquants, au premier rang desquels on trouve, outre les deux têtes d'affiche, Nathan Miller, la touchante Aïcha, Issouf Al Moctar, la tenace sénatrice Sullivan, ainsi que la glaçante Amanda Jones, aussi redoutable que charismatique.

 La pure efficacité est le maître mot de cette seconde saison, mais elle n'exclut pas une dissection percutante des stratégies économiques, politiques et guerrières menées par les puissants d'un monde en perdition morale. 
   
Bernard Sellier