Les deux papes, film de Fernando Meirelles, commentaire

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Les deux Papes,
      (The two Popes),       2019,  
 
de : Fernando  Meirelles, 
 
  avec : Anthony Hopkins, Jonathan Pryce, Juan Minujin, Luis Gnecco, Christina Banegas,
 
Musique : Bryce Dessner

  
 
2005. Lors de l'élection de nouveau Pape, deux candidats majeurs s'affrontent : le Cardinal Ratzinger (Anthony Hopkins), très conservateur et le Cardinal argentin Jorge Bergoglio (Jonathan Pryce), beaucoup plus libéral et proche des croyants. Le premier est élu. Quelques années plus tard, les deux prélats se rencontrent à Rome... 
 
 Cette création Netflix brode sur des faits réels en faisant se confronter deux acteurs intenses et charismatiques mais aussi, bien sûr, deux conceptions fondamentalement différentes de la manière dont l'Eglise doit exister au vingt-et-unième siècle. Il n'est nul besoin d'être agrégé en philosophie ou en théologie pour plonger dans cet affrontement idéologique et en retirer quelques sujets de réflexion. Saupoudrées de quelques touches d'humour, les conversations abordent évidemment les grands sujets qui agitent le Vatican et l'Eglise catholique en général : les malversations financières, la richesse de la Papauté, les agressions sexuelles, le célibat des prêtres... Cependant chacun de ces sujets n'est qu'effleuré, ce qui est regrettable. Même si le spectateur n'attend pas un débat approfondi sur ces thèmes primordiaux, il peut être quand même frustré de n'avoir droit qu'à quelques réparties ou sentences laconiques. De même il est possible de s'étonner de la tiédeur avec laquelle certaines pratiques sont condamnées. Cette superficialité fait que, malgré un grand nombre d'échanges, il ne reste pas beaucoup de matière dans la mémoire lorsque le film se termine. 
 
 Le parcours spirituel et public de Jorge Bergoglio est illustré par quelques flashback situés à l'époque de l'installation de la dictature en Argentine, mais cette intégration ne se fait pas de manière très fluide et subtile. Ils ont au moins le mérite de dessiner une personnalité et un parcours profondément secoués par les événements politiques et les choix difficiles qui provoquent nécessairement un déchirement intérieur. C'est avec un étonnant spectacle de coupe du monde de football regardé par les deux prélâts que se clôt le film. 
 
 C'est sans aucun doute intéressant et remarquablement interprété. Mais l'œuvre reste tout de même très en surface, dans un joute intellectuelle brillante. Elle ne parvient jamais à transcender le niveau terrestre de ces échanges et à plonger le spectateur dans une spiritualité vivante, comme parvenait à le faire "Samsara", par exemple.
   
Bernard Sellier