Le Docteur Jivago, film de David Lean, commentaire

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Le docteur Jivago,
     (Doctor Zhivago),       1965, 
 
de : David  Lean, 
 
  avec : Omar Sharif, Julie Christie, Alec Guiness, Géraldine Chaplin, Rod Steiger, Tom Courtenay, Ralph Richardson,  
 
Musique : Maurice Jarre, Sergeï Rachmaninov

 
 
Le tout jeune Yuri Jivago (Tarek Sharif), devenu orphelin, est recueilli par une amie de sa mère, Anna Gromecko (Siobhan McKenna). Il est élevé avec la fille de celle-ci, Tonya (Pamella Carrington-Coutte). Devenu adulte, Yuri (Omar Sharif) effectue des études de médecine et se fiance à Tonya (Geraldine Chaplin). Une nuit, il fait la connaissance de Lara (Julie Christie), dont la mère est devenue la maîtresse d'un financier, Komarovsky (Rod Steiger). Lara est amoureuse d'un jeune révolutionnaire, Pavel Antipov (Tom Courtenay), qui participe aux premières manifestations contre le Tsar...
 
 David Lean est le maître d'œuvre des grandes adaptations et des fresques imposantes («Oliver Twist», «Les grandes espérances», «Le pont de la rivière Kwai», «Lawrence d'Arabie», «La fille de Ryan», «La route des Indes»...). L'adaptation du roman de Boris Pasternak ne fait pas exception. En suivant durant plusieurs décennies le personnage du 'docteur Jivago', archétype de l'humanité pure noyée dans un monde qui sombre dans la guerre civile, le récit traverse la révolution d'octobre, sanglante et anarchique, qui oppose les Russes blancs et les bolchéviques rouges. En tant que médecin, Jivago se voit ballotté comme un fétu de paille entre les révolutionnaires et les derniers aristocrates dont il fait partie, qui tentent de trouver un refuge paisible loin de Moscou, au cœur de l'Oural. 

 Presque six décennies après son tournage, le film demeure fascinant, même si, réalisé aujourd'hui, il arborerait sans doute un visage très différent. Certaines scènes sont impressionnantes (la manifestation pacifique du début qui se termine dans une boucherie conduite par les gardes à cheval, le voyage cauchemardesque en train vers la Sibérie, le vécu dans la steppe glacée en compagnie de Tonya et de son père, sans oublier, bien sûr, l'image finale bouleversante de Yuri descendant du train et s'écroulant sur le quai sans pouvoir rejoindre celle qu'il a toujours aimée. Elle est de celles qui marquent de manière indélébile une mémoire de cinéphile. Ce qui frappe également, en revoyant cette œuvre, c'est l'extrême lumière intérieure qui se dégage de la personnalité d'Omar Sharif, ainsi que le magnétisme intense qui irradie du regard bleu de Julie Christie. Certains seconds rôles marquent aussi profondément l'histoire. C'est le cas du révolutionnaire Pavel, incarné par Tom Courtenay avec une rage froide désespérée, ainsi que du riche Komarovsky, aussi ambigu que vicieux.

 Une fresque envoûtante, qui parvient à juxtaposer de manière émouvante les extrêmes de la nature humaine : la violence, la paix, la résignation, la colère, et la puissance de la poésie. 

 

   
Bernard Sellier