En un battement, Saison 1, série de Camilo Vega, commentaire

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En un battement,
       (Pálpito),    Saison 1,     2022 
 
de : Camilo  Vega, 
 
avec : Ana Lucía Domínguez, Michel Brown, Sebastian Martínez, Margarita Muñoz, Julián Cerati, Moisés Arizmendi,
 
Musique : divers


   
Ne pas lire avant d'avoir vu la saison

 
Simón (Michel Brown) travaille à la pizzeria de son père. Son épouse Valeria (Margarita Muñoz) est une sportive accomplie et adore jouer de la trompette. Un soir, ils sont victimes d'un accident de voiture. Lorsque Simón reprend connaissance, sa femme a disparu. Il comprend rapidement qu'elle a été enlevée. Pendant ce temps, le docteur Carrasco (Christian Gómez Velez) se prépare à une greffe de cœur sur la jeune photographe prodige, Camila (Ana Lucía Domínguez), qui souffre d'une malformation de naissance...
 
 Une question bête... Pour quelle raison un parcours en voiture est-il si souvent l'occasion pour les occupants de chanter à tue-tête, alors que le conducteur regarde la route quand il en a le temps ? C'est une boutade, évidemment, mais débuter une histoire par ce poncif vu des dizaines de fois est un peu agaçant. La trame dramatique prend heureusement le pas rapidement sur cette ouverture artificielle, en abordant un sujet qui me tient à cœur, puisqu'il est une des composantes d'un scénario pour série personnel, écrit il y a quelques années : «Matteo Varese». Le thème du trafic d'organes occupe ici tout l'espace, en suivant de façon parallèle les deux êtres intimement concernés par la situation tragique qui bouleverse leurs existences. D'un côté un homme simple, traumatisé par le sort réservé à son épouse, qui cherche à découvrir les coupables. De l'autre côté une jeune femme dont le renouveau physique provoque maints questionnements et troubles intérieurs.

 L'intelligence du récit est de mêler intimement l'aspect criminel de l'enquête et l'apparition progressive des bouleversements psychiques qui accompagnent cette implantation d'un organe étranger au sein d'un corps récepteur. Dans les deux registres, la tension est permanente et l'analyse psychologique évolutive de Camila tout à fait pertinente. Certains éléments sont sans doute regrettables. En particulier un côté tape à l'œil généré en majeure partie par l'approche caricaturale de nombreux personnages. Le candidat aux élections, Braulio Cárdenas (Maricio Cujar) est un abruti vulgaire dont le cerveau n'abrite qu'un demi neurone ; ses poulettes, deux sœurs jumelles surnommées 'Fast' et 'Furious' sont débilissimes ; Tomás (Julian Ceráti) est l'archétype physique et mental du drogué absolu ; les truands au service de Mariachi (Moisés Arizmendi) sont des débiles complets ; la mamie super hackeuse n'est pas foncièrement crédible ; quant au machiavélique Sarmiento (Juan Fernando Sánchez), un éternel sourire sarcastique aux lèvres, il passe son temps à peindre des femmes nues. Pourtant, bien que tout cet ensemble de clichés affiche une artificialité un peu voyante, prosaïque, son intégration au sein de l'histoire s'opère de manière fluide, efficace, et permet même l'apport d'un soupçon de légèreté dans cette tragédie particulièrement poignante. Quant aux perceptions subliminales, elles sont abordées avec une économie et une pertinence remarquables. Le dénouement annonce une suite. Saura-t-elle égaler la réussite dramatique de celle-ci ? À voir... Ce qui est sûr, c'est que nous avons ici une superbe histoire d'amour qui transcende le temps et les corps.      

   
Bernard Sellier