The English, Série, série de Hugo Blick, commentaire

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The English,
     Série,      2022, 
 
de : Hugo  Blick, 
 
  avec : Emily Blunt, Chaske Spencer, Stephen Rea, Tom Hughes, Gary Farmer, Steve Wall, Valerie Pachner,
 
Musique : Federico Jusid, Anton Dvorak, 


 Une jeune anglaise, Cornelia Locke (Emily Blunt) arrive aux Etats-Unis à la recherche d'un homme qu'elle a l'intention de tuer, car il est cause de la mort de son fils. Agressée dans un hôtel perdu au milieu du désert, elle fait la connaissance d'un sergent le l'armée, d'origine Pawnee, Eli Wipp (Chaske Spencer), lui aussi en bien mauvaise posture... 
 
 L'ouverture de cette mini série impressionne à tous points de vue. Les plans sont superbes, et, surtout, l'atmosphère dramatico-poétique laisse augurer une future pépite dans un genre qui est bien délaissé, le western. En cherchant bien, la conception et la réalisation lorgnent même en direction de Sergio Leone (pour les gros plans) et de Quentin Tarentino, pour les monologues parfois étirés. D'emblée, les deux personnalités de Cornelia et de Wipp impressionnent par la densité qu'ils affichent. L'intrigue elle-même présente une clarté qui évoque les réussites d'antan, avec la femme en quête de vengeance et le guerrier usé par les horreurs vécues et commises. Pourtant, au fur et à mesure que les épisodes s'enchaînent, cette unité d'action se délite. Diverses actions secondaires interviennent au milieu de l'arc narratif et provoquent une dispersion de l'attention qui peut perturber le spectateur. Les scènes sont souvent violentes, profondément troublantes, mais elles détournent l'attention de la direction primaire, d'autant plus que la première place voit passer périodiquement différents personnages que l'on estimait secondaires. Les flashbacks viennent perturber un peu plus l'unité d'action qui semblait de mise au premier abord. Les différentes séquences sont souvent captivantes, mais le fil conducteur de l'histoire, sa colonne vertébrale sont estompés, ou tout au moins en donnent l'impression. La réalisation est de grande qualité, les paysages sont splendides, les personnages attirants, bien que tous, qu'ils soient indien, blanc, homme ou femme, flirtent sans cesse avec la noirceur et la violence, dans un monde qui est à la fois en construction et en décomposition. Mais aux deux tiers de l'histoire, le spectateur est à la fois admiratif et décontenancé,  partagé entre enthousiasme pour l'originalité de la narration, mais perplexité devant la déstructuration du récit, écartelé entre fascination et agacement. Et puis arrivent les deux derniers épisodes, qui redistribuent la donne. Le cinquième est d'une rare tension dramatique, et le dernier bouleversant. Emily Blunt est grandiose, et Chaske Spencer impressionnant de gravité.

 Un ensemble déroutant, mais inspiré et passionnant, très différent dans son traitement du récent «Django».
     
Bernard Sellier