Django, Série, série de Leonardo Fasoli, commentaire

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Django,
     Saison 1,      2022, 
 
de : Leonardo  Fasoli, 
 
  avec : Matthias Schoenaerts, Noomi Rapace, Nicholas Pinnock, Lisa Vicari, Jyuddah Jaymes, Eric Kole,
 
Musique : Mokadelic 


 Un homme mystérieux, Django (Matthias Schoenaerts) arrive dans une petite ville, créée par un noir, John Ellis (Nicholas Pinnock), nommée la nouvelle Babylone. Il y combat contre le héros local, mais manque d'être pendu par John. Il est sauvé in-extremis par la jeune Sarah (Lisa Vicari), qui doit épouser John. Pendant ce temps, dans la ville voisine d'Elmdale, Milady (Noomi Rapace) exécute les dépravés de la région...
 
 Bien que Quentin Tarentino l'ait quelque peu revisité avec ses «Huit salopards», de même que les frères Coen avec «True grit», ou encore Scott Cooper avec «Hostiles», le western film n'est plus beaucoup présent sur les écrans depuis près de trois décennies, et le western série se fait encore plus rare. Il a donné tout récemment une œuvre fort intéressante, «The English», même si elle laissait perplexe quant à certains choix narratifs. Nous retrouvons ici un des héros emblématiques du western spaghetti très en vogue il y a un demi-siècle, en la personne de Django, jadis incarné par Franco Nero. Le premier épisode laisse pour le moins dubitatif. Certes, nous retrouvons les trognes plus ou moins patibulaires chères au genre, les saloons, la violence inhérente à l'époque. Il est même intéressant de constater que l'une des thématiques, en l'occurrence les ravages de la syphilis, est commune à cette série et à «The English».

 Mais plusieurs facteurs inquiètent quant à la suite. D'abord un personnage principal qui oscille entre force tranquille (lors de son combat initial), faiblesse incompréhensible, et qui surjoue le vagabond, sale, dévasté et désabusé. Ensuite une «Nouvelle Babylone», prétendue havre de paix, alors que les principales distractions sont la bagarre et les saouleries. Sans parler des flashbacks pas très finauds, et surtout de la chanson d'Edith Piaf qui arrive comme un cheveu incongru dans une scène de carnage ! Tout cela ne fait ni très authentique, ni très réaliste. Il est d'ailleurs intéressant de visionner cette série juste après «The English», tant les conceptions et les réalisations sont à l'opposé. Autant les scènes du premier sont à la fois poétiques, cruelles, mais aussi évanescentes, laissant une large place à l'imaginaire du spectateur, autant les matériaux se révèlent ici primaires, bruts de décoffrage, et nous sont assénés à la truelle, sans grande subtilité. Dans le cas présent, ce qui maintient l'intérêt c'est l'intensité intérieure des personnages, qu'ils soient hommes ou femmes. Le plus surprenant est que, durant toute la première moitié de l'histoire, le «héros» se montre effacé, suiveur, quasiment au second plan, alors que John, la résiliente Sara, et surtout la percutante Milady (une extraordinaire Noomi Rapace, impressionnante de charisme sombre, qui brûle piano de son fils aveugle parce que s'y cache le Diable !), se placent sur le devant de la scène. Mais, au fil des épisodes, l'imbrication des fils qui relient tous ces personnages s'effectue de manière efficace, et Django reprend peu à peu la place qui lui revient. Sa personnalité complexe est servie à merveille par un Matthias Schoenaerts, qui oscille avec art entre taciturnité et geysers de violence. L'entrée dans l'histoire qui nous est contée ici est beaucoup plus facile ici que dans «The English», qui demandait un effort certain au spectateur pour se sentir intégré dans l'histoire de Cornelia.

 L'ambition artistique de cette série est nettement inférieure à celle qui animait l'œuvre de Hugo Blick. De plus le reproche majeur que l'on peut faire réside dans le fait qu'entre le commencement de l'histoire et son aboutissement, il y a nombre d'évènements, mais pas de réelle progression narrative et quelques longueurs. Le résultat ne manque cependant ni de tension, ni de personnages puissants, ni d'enjeux majeurs, ni d'une dramaturgie efficace. La note de 4,4 qui est attribuée à «Django» sur IMDB est donc la plus totalement incompréhensible que nous ayons vue à ce jour !
     
Bernard Sellier