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L'enlèvement,
        (The clearing),      2004, 
 
de : Pieter Jan  Brugge, 
 
  avec : Robert Redford, Helen Mirren, Willem Dafoe, Alessandro Nivola, Matt Craven
 
Musique : Craig Armstrong

  
   
Wayne Hayes (Robert Redford) mène une vie apparemment sans histoire avec sa femme Eileen (Helen Mirren). Un jour, il disparaît, kidnappé par Arnold Mack (Willem Dafoe). Les deux enfants du couple, Jill (Melissa Sagemiller) et son frère Tim (Allessandro Nivola), viennent soutenir leur mère. L'agent Ray Fuller (Matt Craven) s'installe dans la maison de Hayes en attendant que les ravisseurs se manifestent... 
 
   Je ne sais ce qui a pu pousser Pieter Jan Brugge, apparemment producteur de son métier (une douzaine de films entre 1987 et 2005) à pondre cette histoire abracadabrante, puisqu'il en est aussi bien le scénariste que le réalisateur. Car, si l'on excepte le choix de trois acteurs de haut niveau, tout le reste paraît tellement incongru, forcé et factice que l'on se demande pendant toute l'histoire où l'auteur veut nous emmener. Les situations sont maladroites ( Eileen et sa fille Jill se baignent tranquillement le lendemain de l'enlèvement de Wayne), les dialogues ne le sont pas moins, la vraisemblance s'est fait la malle (Wayne et Arnold discutent le bout de gras tandis qu'ils font de l'escalade pendant tout le film pour atteindre, soi-disant, une cabane au sommet d'une montagne !), la juxtaposition des séquences semble faire coexister deux temps différents (on voit le prisonnier et son gardien grimper pendant soixante dix minutes, tandis que plusieurs jours se sont écoulés du côté de Eileen...), bref le spectateur a l'impression de nager en plein délire, s'attendant à n'importe quoi pour justifier cette gaucherie. Pourquoi pas des extra-terrestres qui ont brusquement provoqué une distorsion temporelle, ou, comme dans "Mémoire effacée", travaillé sur le cerveau des personnages ! Eh bien, pas du tout. L'auteur s'en tient à une fin bien sage, si l'on peut dire, qui a tout de même l'avantage de justifier, a posteriori, quelques scènes qui, sur le moment, sentaient l'aberration pure. Arnold Mack gagne un tout petit peu en crédibilité, tandis que la fin réserve, in extremis, un court moment de grâce. Mais si fugace que l'ensemble demeure tout de même assez consternant !
   
Bernard Sellier